• Sur le texte anti postmoderne des maoïstes canadiens

    https://materialismehistorique.com/index.php/6-le-nouvel-idealisme

    Mouais... D'accord avec énormément de points mais attention tout de même, on sent comme souvent dans l'anti-postmodernisme, une dérive rebbohesque vers le FANA-modernisme, qui conduirait tôt ou tard à n'être qu'une espèce de nouvelle Église positiviste secte parmi tant d'autres.

    "Selon la pensée postmoderne, les sciences et les connaissances ne sont pas objectives, ne représentent pas un progrès pour l’humanité et ne servent au contraire qu’à exclure et à opprimer" => bah, déso pas déso mais, le marxisme LE PREMIER a amené cette rupture avec le culte du Progrès en soi, pour dire que le Progrès avait comme toute chose une nature DE CLASSE.... donc méfiance, même si sans tomber bien sûr dans le rejet complet (rousseauiste ou luddiste).

    Les postmodernes ont ensuite rajouté qu'il avait une nature de genre, ce qui n'est pas totalement faux : le capitalisme d'accumulation primitive et de révolution industrielle a été très patriarcal, même si à partir du 19e siècle il a aussi laissé les femmes suivre le modèle pour elles de la lutte petite-bourgeoise pour "les droiiiiits" abstraits, et fait progressivement de plus en plus de place à cette lutte ; et une nature "de race", ce qui est évident puisque c'est l'Occident qui a imposé le capitalisme, son "Progrès" et ses valeurs à la planète entière.

    Le problème n'est pas là, mais plutôt dans le fait de partir dans tous les sens (suivant les conceptions du pédophile Foucault) contre "toutes les oppressions" avec à l'arrivée tout le monde qui est à la fois un opprimé et un oppresseur ; faisant perdre de vue le "principe organisateur" suprême "clé de voûte" qu'il faut frapper, en l'occurrence la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers. 

    Une forme, en définitive, de lutte petite-bourgeoise... MODERNE pour les droits formels, devenue "folle", partant dans tous les sens dans une espèce de guichet des réclamations généralisé de droits-créances. Faisant, quelque part, du postmoderne rien de plus (ni de moins) qu'un MODERNE tombé en dépression et qui s'auto-mutile (en attaquant, notamment, en bloc ses propres fondations "lumiéreuses" là où la tâche révolutionnaire serait plutôt le discernement et peut-être la remise en question de la mythologie bourgeoise des "Lumières sont un bloc") ; comme peuvent le montrer par exemple les attaques sournoises et totalement contre-véritaires de Sala-Molins contre Rousseau après avoir très justement dénoncé bon nombre de lumiéreux esclavagistes ou abolitionnistes mais négrophobes.

    Bref les camarades québécois ici présents ne devraient pas perdre de vue, comme il semblent être en train de le faire, que comme le disait magnifiquement Pasolini il est TOUT AUSSI humain de vouloir aller de l'avant que de regarder en arrière, et l'inhumanité (par déduction) consiste à imposer exclusivement soit l'un soit l'autre - la révolution devant TOUJOURS se situer dans cette dialectique, puisque l'histoire humaine consiste en dernière analyse à aller... du communisme (primitif) au communisme (technologique final), du Jardin à la Grande Ville.

    Une chausse trappe (de vouloir combattre le postmodernisme par un modernisme lumiéreux fanatique) similaire et parallèle, au fond, à celle qui consiste face à l'ordre capitaliste mondialisé actuel, à vouloir revenir aux "petits ordres mondiaux" des États-"nations" avec (bien souvent) leurs empires coloniaux...

    Il faut notamment, avant d'être anti ou au contraire un fanatique des Lumières, se rendre compte peut-être qu'elles ont été construites comme un "bloc" dans le roman historiographique de l'aile gauche de la bourgeoisie afin de "souder" artificiellement à elle et ses intérêts (et être soudé à une aile de la bourgeoisie, c'est au final être soudé à la bourgeoisie tout court) le "peuple de gauche", notamment le mouvement ouvrier ; de la même manière que la mythologie de droite fabriquait le mythe d'un petit peuple contre-révolutionnaire (par attachement au catholicisme, refus de la conscription, haine des bourgeois racheteurs) aux "mêmes intérêts" que les ci-devants de Coblence.

    Comprendre que Voltaire et les encyclopédistes (eux-mêmes déjà différents) et Rousseau, ça n'avait rien à  voir, etc etc ; et que la seule chose dont a à se réclamer un marxiste n'est pas ce grand sac abusif des "Lumières" mais le SOCIALISME SCIENTIFIQUE mariage de la perspective révolutionnaire de Rousseau (démocratie réelle, égalité sociale, revenir au communisme primitif "à un niveau supérieur") et de la méthode scientifique (mais certainement pas la vision politique !!) des encyclopédistes. 

    [Je peux citer d'ailleurs de longs passages de la partie 6 "La dernière tâche à accomplir pour la bourgeoisie : l’extension complète de la démocratie libérale" qui rejoignent ce que je dis ici.

    Dans les paragraphes suivants par contre ça y est on bascule, dans le rejet en l'occurrence de la thèse du colonialisme intérieur aux États-Unis qui est une thèse marxiste-léniniste FONDAMENTALE d'un ami personnel de Staline (Harry Haywood) ; et dans l'illusion idéaliste la plus totale sur la  capacité de ce système de se réformer "selon les principes du libéralisme classique" (!!), dans un État ultra-impérialiste NÉ comme une colonie avec (donc) un système de privilège colon blanc et d'indigénat pour les autres, de manière structurelle, "existentielle".

    Même si BIEN SÛR la direction petite-bourgeoise "aile gauche du Parti démo-crade" (typiquement DSA) du mouvement BLM doit être critiquée, et d'ailleurs l'est, par les authentiques révolutionnaires new afrikans héritiers de Haywood, de Williams et des Panthers.

    Une direction petite-bourgeoise qui se traduit effectivement par ce genre d'influence foucauïde-butlerienne-intersec liquidant complètement (au plus grand bonheur de la domination) la primauté "clé" de la lutte anti-impérialiste (*anticoloniale intérieure*) du Peuple new afrikan, et de là son unité avec la lutte de TOUS LES PEUPLES (y compris en effet les petits blancs rednecks, comme avait commencé à le faire l'immense Fred Hampton avec les Young Patriots) contre la dictature monopoliste exterministe, ici sous la forme de l'appareil d’État US.

    Avant d'abattre "le capitalisme" en tant que tel (exploitation du travail des prolétaires par les propriétaires capitalistes des moyens de production), il y a au jour d'aujourd'hui et depuis que Lénine l'a défini ainsi, une première tâche qui va "débloquer" cette possibilité : la lutte ANTI-IMPÉRIALISTE, anti-coloniale (donc antiraciste oui sur le plan superstructurel-moral, mais on ne doit pas rester sur ce plan, en effet), anti-oppression nationale ; la LUTTE DES PEUPLES contre la dictature, planétaire, des monopoles financiers et son "organisation spatiale".

    Le problème est que comme elle est "clé", cette lutte va faire l'objet de toutes les manœuvres du Pouvoir pour la désamorcer, de diverses manières :

    - Proclamation abstraite de la "primauté de la lutte des classes" (comme si s'attaquer à la division internationale, inter-régionale, inter-peuples, bref l'organisation spatiale de l'exploitation n'était pas de la lutte des classes...), de l'"unité des travailleurs" contre ce qui les "divise", dans un raisonnement purement formel, schématique, abstrait, de ceux qu'on peut qualifier d'ouvriéristes-économistes et diviser en deux catégories (à la frontière souvent poreuse...), les nihilistes nationaux et les sociaux-chauvins.

    - Ou alors la "noyer", comme une "oppression" parmi d'autres, dans la lutte "woke"-intersectionnelle contre "toutes les z'oppressions".

    - Mettre en avant un "pur" antiracisme déconnecté de ces considérations de division impérialiste du travail ; un antiracisme qui pour aussi "radical" qu'il puisse se prétendre ne pourra jamais être que moral ; jamais consister qu'en un combat contre de "mauvaises" pensées ou actions d'individus, éventuellement d'institutions, mais desquelles toujours il s'agira de MENDIER la répression... à qui, sinon à l’État monopoliste impérialiste lui-même ?!!]

    [Ci-dessous une carte d'une URSS d'Amérique du Nord. Visiblement c'est issu d'une sorte de "jeu", mais techniquement... ce n'est pas si mal]

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