• Quelle meilleure proposition politique, en ce 21e siècle, pour répondre à :

    - l'aspiration des peuples travailleurs d'Europe, champ de bataille séculaire (40 millions de morts rien qu'au siècle dernier), à la PAIX, la FRATERNITÉ et la COOPÉRATION entre eux ; sachant que d'ores et déjà, la forme politique requise par le niveau des forces productives à notre époque est l'État-continent (ce que sont les grandes puissances qui "comptent" sur la planète aujourd'hui : États-Unis, Chine, Russie, montée de l'Inde, les autres sont piétinés comme des merdes) ;

    - l'aspiration des peuples travailleurs dans leurs régions, leurs territoires, à VIVRE, TRAVAILLER ET DÉCIDER AU PAYS sans se sentir "colonisés" par les oukases technocratiques d'une lointaine capitale, Centre financier d'une bourgeoisie capitaliste dominante qui de conquête en conquête s'est constitué un État, qui est concréto-concrètement son "enclos à bétail" de travailleurs à exploiter et ponctionner (comme la France, l'Espagne, l'Italie, le Royaume Uni etc., ce qu'on appellera l'État "napoléonien", que les dits "souverainistes" présentent faussement comme l'alternative à l'Union européenne de Bruxelles) ;

    - TOUT EN SE LIBÉRANT, justement, de cette présente "Union européenne", construction capitaliste dictée par la survie face aux États-continents, et dans laquelle des Centres financiers : Paris etc., mais en premier lieu (disons-le clairement) les métropoles allemandes, s'associent pour dominer et exploiter ensemble la périphérie, les territoires populaires de tous les États membres, les pays où le socialisme a été vaincu en 1990, ainsi que bien sûr les peuples colonisés au-delà des mers, sur lesquels notamment l'État français a encore la haute main (Afrique, Caraïbes, Pacifique etc.) ; "Union" de vautours capitalistes contre laquelle le grand Vladimir Illitch Lénine, visionnaire, mettait déjà en garde il y a plus d'un siècle : "les États-Unis d'Europe sont possibles, comme une entente des capitalistes européens... dans quel but ? Dans le seul but d'étouffer en commun le socialisme en Europe, (d'exploiter en commun la force des travailleurs du continent et) de protéger en commun les colonies accaparées contre le Japon et l'Amérique (on pourrait ajouter aujourd'hui la Chine, les "émergents" en général etc.)"... https://www.marxists.org/.../works/1915/08/vil19150823.htm

    - sortir ainsi de l'autre fausse alternative (après le "souverainisme" des vieux États "napoléoniens"), très présente parmi nos peuples périphériques sans État propre, qu'est l'"euro-régionalisme", "l'Europe fédérale des régions" etc. etc. ; toutes propositions qui ne seraient que des déclinaisons du règne actuel du cartel des monopoles parisiens et rhénans sur des territoires populaires aux mains de potentats locaux, et "divisés/mis en concurrence pour mieux régner".

    Brexit, rejet du TCE en 2005, ou au contraire oui à Maastricht en 1992 : toutes les grandes décisions sur la question européenne ont été entre 50 et 55% des voix, loin des 80% (au moins) qu'il faudrait sur des décisions d'une telle importance historique pour toute une nation.

    Même pour l'indépendance de la Catalogne ou de l'Écosse, il est possible de le dire : 50-50, cela veut dire qu'il se passe un truc, c'est clair, on ne parle pas de fantasmagories de groupuscules ; mais en même temps, arracher des décisions d'une telle importance à une aussi courte majorité, c'est chaud...

    Et pourquoi donc en est-il ainsi ?

    Il en est ainsi, parce qu'il y a en réalité une TENSION extrême entre d'un côté un terrible, et fondé, sentiment de dépossession démocratique de la part de l'UE, ou des grands États centraux dans certains cas ; et de l'autre, la perception diffuse que le splendide isolement n'est pas la perspective d'avenir au 21e siècle.

    C'est précisément cette contradiction qui n'a d'issue que dans ce qui est proposé ici : sortir du capitalisme financier, néolibéral, source de tous les problèmes, en premier lieu ; repossession des peuples travailleurs de leur souveraineté décisionnelle sur leurs vies jusqu'au niveau le plus local de vie quotidienne ; et union de type soviétique ou yougoslave, communauté de type Comecon, à l'échelle continentale, et internationalisme planétaire.

    Il n'y a que cela qui puisse sortir les peuples du dilemme et de l'éternel 50-50 en réponse à des questions binaires mal posées.

    Une autre Europe est possible, oui : quelque chose un peu comme ce qu'était la glorieuse Union soviétique et son Comecon autour.

    Seule cette vision est susceptible d'unifier largement les peuples des travailleurs dans une même aspiration commune ; et non de les couper éternellement en deux à 50-50 ; entre (globalement) ceux qui craignent plus le splendide isolement que la dépossession de souveraineté par l'UE (nouveau cran franchi dans la dépossession de souveraineté du peuple, après l'État centralisateur thermidorien-napoléonien) ; et ceux qui craignent plus l'inverse.

    Quel est fondamentalement, historiquement, le "malaise français" ; c'est à dire des classes laborieuses qui habitent l’État hexagonal ?

    Il est que dans tous les territoires populaires d'Hexagone, depuis les banlieues de la capitale jusqu'aux genêts de Bretagne et bruyères d'Ardèche, on se sent, parce que l'on EST, des "colonies" ; autrefois des rentiers de la Cour de Versailles, puis de la Finance parisienne, la nouvelle aristocratie financière qui a pris le pouvoir après 1789 (en liquidant le versant populaire de la Révolution) ; et enfin, aujourd'hui, du "pacte d'acier" entre la Finance parisienne et allemande, avec son conseil d'administration à Bruxelles, tout simplement, et comme tous les territoires populaires du continent.

    L'ennemi est nettement identifié ; reste maintenant à le combattre et s'en débarrasser : restera, et règnera alors une grande communauté de coopération socialiste, entre peuples libérés du Capital et souverains, exerçant leur souveraineté depuis le niveau de la commune jusqu'à celui de la nation.

    La SEULE VÉRITABLE ALTERNATIVE ET PROPOSITION POLITIQUE POUR DEMAIN, c'est bien celle-ci : celle qui a jadis permis à tout un ensemble de peuples, étendus sur plus de 22 millions de kilomètres carrés (la plus grande unité politique ayant jamais existé à ce jour), de mettre fin sur ce territoire (et bientôt, par répercussion, sur un tiers de la planète) au règne ploutocratique du Capital ; de jeter les bases de la construction d'une société socialiste, passant du Moyen Âge au 20e siècle en quelques années ; de triompher de l'abomination fasciste qui dévastait le continent et une grande partie du monde, et voulait les réduire en esclavage ; et de faire trembler sur ses bases le monde des vautours financiers d'un bout à l'autre de la planète !

    POUR UNE UNION SOVIÉTIQUE D'EUROPE AUX 100 RÉPUBLIQUES SOCIALISTES, AUX 100 DRAPEAUX À ÉTOILES ROUGES !!

    [* Pour clarifier sur la carte d'Europe de la publication :

    J'ai pris cette carte parce que je la trouvais particulièrement complète ; mais ça ne veut pas dire que je partage totalement le concept.

    On va donc dire que là où il y a une zone avec le drapeau - tricolore à étoile rouge en France et en Italie, républicain en Espagne, de la RDA en Allemagne - ça veut dire qu'on peut garder l'État actuel, mais sous la forme d'une république socialiste fédérative, "république fédérale des ouvriers et des paysans" comme le prônait Gramsci ; et les républiques autonomes constitutives, eh bien ce seront les autres entités qu'on voit sur la carte dans le même État, en gros voilà.

    Et toutes ces républiques socialistes fédératives (grands États) ou pas (petits et assez homogènes), => dans une grande URSS, ou au moins un Comecon, de tout le continent.]


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  • L'étapisme à avoir (et en dehors duquel tout n'est que foutaise), c'est :

    1/ lutte contre, et destruction de l'impérialisme (la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers, dans son organisation actuelle avec les US au sommet de la pyramide, ses institutions "transatlantiques" comme le FMI ou l'OMC ou le G7, l'empire colonial d'un cartel monopoliste parisien et rhénan sur l'Europe, qu'on appelle l'UE, ses "gendarmeries régionales" comme la Françafrique ou le sionisme, etc) ;

    2/ (ensuite, à partir de là) en finir avec l'exploitation du travail par les propriétaires des moyens de production en tout lieu ;

    3/ (enfin) liquider progressivement tous les rapports sociaux oppressifs qui en découlent, sexisme, racisme et xénophobie, "grossophobie" si on veut etc.

    Une seule de ces charrues 2 et 3 avant les bœufs du 1 et c'est le n'importe quoi assuré.

    Le postmodernisme foucauïde, l'intersectionnalisme, le SJWisme, le wokisme, c'est clairement considérer que le 3 peut être à l'ordre du jour tout de suite et se passer du 1 et du 2.

    Les tenants du 2 d'abord se divisent en deux catégories, ceux qui versent dans un nihilisme national abscons et ceux qui au contraire vont être patriotards... des États bourgeois existants tels qu'ils sont ; en d'autres termes (et en dernière analyse), SOCIAUX-CHAUVINS. 

    À cette dernière catégorie vont se rattacher les gens comme l'IHT ou le PRCF (je ne parle pas de Mélenchon qui est encore dans une autre catégorie, celle d'une "certaine vision" des intérêts monopolistes français).

    En général ils ne sont pas (du tout) dans la négation de l'importance du 1 (les prémisses très correctes du dernier texte de l'IHT en attestent... mais ensuite c'est la catastrophe), ni même totalement du 3 ; mais l'un comme l'autre toujours fermement subordonnés au 2.

    Et le problème c'est que l'ordre du jour 1, ça passe forcément par l'unité des peuples.

    Ce qui est tout sauf gagné avec un déni aux Arabes et aux Noirs d'Hexagone de tout droit au patriotisme révolutionnaire des peuples qui sont les leurs (arabe, islamique, panafricain), qui serait "évacuer sinon dissoudre les deux identités du mouvement populaire français, celle de classe et celle de la patrie française, dans un tribalisme qui transpire la collaboration de classe", comme dans le dernier texte de l'IHT.

    Ou, déjà avec des délires un peu similaires des fois ; et surtout en prétendant opposer au schéma actuel de la dictature des monopoles, à la "concentration" actuelle du pouvoir monopoliste ("ordre mondial" sous hégémonie anglo-saxonne et empire colonial continental des monopoles parisiens et rhénans appelé UE), le... niveau de concentration antérieur et inférieur, celui des États-"nations" empires d'une capitale comme la France, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni etc etc, TOUT AUSSI oppresseurs des peuples sous leur coupe au temps "béni" où ils étaient "souverains" (les peuples ? certainement pas...) ; comme le PRCF et tous ceux que j'appelle les chevènementistes.

    Vraiment avec ce genre de vision des choses c'est pas gagné.

    [Sur la question spécifique du racisme et de l'antiracisme politique, par contre, le Café Marxiste avec Manon Haller, je manque de temps en ce moment ; j'ai regardé environ 25 minutes seulement et jusqu'à ce stade c'était très correct par contre, termes du problème très bien posés (posés en des termes... auxquels je ne pense vraiment pas qu'une Houria Bouteldja aurait grand chose à redire en réalité) ; racines des déviations socedem-SOS Racisme d'un côté et gauchiste woke-intersec de l'autre, bien mises en lumière... mais peut-être, je ne sais pas, que les crottes de nez "Bouteldja nazie" arrivent après, j'ai pas vu du coup et il reste encore plus d'une heure de vidéo.]

    Et forcément (encore pire), Mélenchon avec sa "France seul pays au monde présent sur les 5 continents et les 7 mers, la plus grande de ses frontières avec le Brésil" blablabla ; c'est pas super gagné non plus.

    Ça s'appelle vouloir l'indépendance... des MONOPOLES français vis à vis de l'ordre mondial et européen berlino-bruxellois.

    Quand Jdanov en 1947 appelait les partis ouvriers à lutter pour l'indépendance nationale de leurs pays, il entendait bien par là la souverain des PEUPLES TRAVAILLEURS, pas que les monopoles retrouvent leur "grandeur" perdue...

    ******************************

    [Dans la mesure où les implications de la question vaccinale actuelles sont profondément internationales, géopolitiques et monopolistes, il est parfaitement logique que la ligne de démarcation entre authentiques anti-impérialistes anti-monopolistes (donc révolutionnaires) et anti-anti-impérialistes affichés OU "anti-impérialistes" pipeau & flûte recoupe quasi EXACTEMENT celle entre les camps en présence sur cette question.

    Beaucoup plus efficacement, en réalité, que la fameuse "preuve par la Palestine" des Indigènes, qui en réalité donne beaucoup de "faux négatifs"... (pour ma part il y a des années que je ne crois plus en cette "preuve" et que je considère qu'il n'y a rien de plus facile que d'afficher une compassion pour le sort des Palestiniens, voire d'arborer un keffieh et même un drapeau en manif : ne nous y trompons pas, les sionards de gauche à la Bruttmann ou - plus "subtils" - JJR sont extrêmement nocifs, et même par leurs méthodes potentiellement dangereux pour la santé mentale des personnes fragiles, mais ils restent très minoritaires... par contre, quand il s'agit d'envoyer des gamins se faire injecter un produit en phase expérimentale et à obsolescence programmée pour remplir les caisses de quelques firmes avec nos salaires différés et damer le pion aux concurrents chinois ou russes plus durables, ont voit les grands "antisionistes" à la Dautcourt, Boggio ou Najiels assumer la "trêve" (!!!) avec cette verminesque engeance à éradiquer comme une nuit "des poètes" de 1952).

    À la limite, dans le registre de la plus stricte contemporanéité, ce serait plutôt la "preuve par l'Afghanistan" (est-on capable, indépendamment de tout jugement sur le projet de société de la Résistance victorieuse, au demeurant basé sur ce qu'ils étaient il y a 20-25 ans, de SALUER comme il se doit une défaite de l'impérialisme, ou est-ce que ledit projet de société est "l'aspect principal" et il aurait fallu, sauf à avoir une autre option sérieuse à proposer, que l'impérialisme reste ?) qui aboutit à un recoupement relativement correct avec le clivage entre suce-Macrotte-et-son-pass et authentiques résistants à la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers.]

     


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  • [Je souhaite publier ici un récap de mes commentaires sur ce texte de l'IHT, car on touche là à des thèmes de grande importance, dans la perspective (certes encore lointaine, au vu de tant d'idéalisme dogmatique...) de la fédération de toutes les résistances populaires, "dans le respect mutuel (disait le grand Argala) de leurs formes particulières d’identité nationale", contre la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers.]

    https://instituthommetotal.fr/affranchi/frantz-fanon-le-mouvement-decolonial-et-nous-241

    La seule et unique ligne de démarcation, c'est de considérer ou non que le racisme dans les relations interhumaines (qu'elles soient horizontales entre voisins ou verticales avec un employeur ou un propriétaire de logement, ou même institutions-administrés) ici est le REFLET de l'impérialisme dans les relations internationales au niveau planétaire ; le regard porté sur une "race" étant globalement strictement celui que nos États portent sur ses pays d'origine et la manière dont ils se comportent avec ces pays (guerre, condescendance, méfiance etc.).

    Faute de quoi l'antiracisme devient OBLIGATOIREMENT MORAL, même s'il s'en défend et se veut "radical".

    En principe le mouvement décolonial est anti-impérialiste, même si c'est généralement un anti-impérialisme trotskoïde disons de type SWP, et conscient de cela. 

    Mais au fil des années il a été petit à petit contaminé par l'intersectionnalisme et ses dérivés le SJWisme, le wokisme... qui eux sont des "champignons" apparus dans les années 80-90 sur le tronc abattu par Cointelpro du grand arbre des luttes des années 60-70 aux US, et immédiatement repérés et récupérés pour leur potentiel destructeur des luttes par le Pouvoir capitaliste-impérialiste.

    Moi j'ai vu ça en direct, vers la fin des années 2000. Le PIR est né en 2005, globalement de quoi : d'un ensemble de militants non-blancs (arabes, noirs etc) de la mouvance trotskysante, péri-LCR (souvenons-nous du vent en poupe de cette mouvance à l'époque, avec le score de Besancenot etc), s'affirmant lassés du paternalisme des directions blanches de ces organisations ; sur toile de fond du mouvement anti "guerre contre le terrorisme", pro 2e Intifada, qui s'était développé depuis 2001 avec notamment des trucs très actifs comme SPEB (Socialisme Par En Bas, le SWP de France, en clair), qu'on retrouve aujourd'hui dans Ni Guerre Ni État de Guerre (collectif, en toute honnêteté, parmi les moins mauvais question anti-impérialisme dans ce pays, proche du PIR et que j'en profite pour saluer).

    Bref à ce stade un pedigree qu'on pourra critiquer si on veut, mais pas "méchant" du tout.

    Et qui parlait à cette époque, non pas encore d'intersectionnalité exactement, mais de "triple oppression" blabliblabla (le concept à Crenshaw) ? Dans mes souvenirs, entre autres, le 'p''c''mlm' et son forum 'antifa', la secte de l'agent sioniste des RG bien connu Mickaël R. ; CONTRE la mouvance PIR, pour utiliser ce concept CONTRE eux...

    De là ça s'est diffusé à la fois dans la mouvance "antifa" dont les petits groupes ont commencé à (re, après l'époque des années 80) proliférer à partir de 2008-2010 ; et dans tout un nouvel et autoproclamé "antiracisme politique" (quand au gourou du 'p''c''mlm', pour la petite histoire, il a fini sur des positions de "Gauche" - avec une majuscule svp ! - vallso-finkielkrautienne, cherchez "agauche" sur Google vous verrez ça vaut le coup d'œil).

    Jusqu'à pénétrer, par la voie du recrutement, à l'intérieur du PIR lui-même (celui-ci ayant quand même, pour le suivre depuis de longues années, pas mal recruté de gens entre 2015 et sa dissolution de facto - démission de tous ses principaux fondateurs - en 2020).

    La dernière partie "Abstractions et réaction" par contre c'est n'importe quoi, une salve de crottes de nez toutes plus basses les unes que les autres, outre d'être des "arguments" mâchés et remâchés depuis bientôt 10 ans.

    Si Houria Bouteldja a, à l'en croire, "au moins" le talent littéraire de Céline ou Rebatet ; ce passage quant à lui ne s'élève même pas à la hauteur de l'étron vallsiste Clavreul ou des agents du Mossad Bruttmann ou Reichstadt. 

    Ce qui lui est dénié ici, dans la seule considération correcte possible qui est celle d'une IMPOSSIBLE (et VOULUE impossible) "dissolution" de l'immigration extra-européenne depuis la Seconde Guerre mondiale dans ce que Thorez appelait tonitruamment le Peuple de Fraaaance (et puis bon il faut peut-être aussi arrêter un peu de fantasmer sur le fait que les prolos issus de la Retirada espagnole auraient totalement "cessé" d'être espagnols, ce qui n'est pas ce que j'ai pu constater quand j'ai sorti une Tricolore républicaine dans une manif du 1er Mai, et les prolos d'origine portugaise, "cessé" d'être portugais etc) ; c'est ni plus ni moins que son DROIT D'ÊTRE UNE PATRIOTE ALGÉRIENNE EN FRANCE ; et celui d'autres autour d'elle d'être également des patriotes arabes fiers de leur héritage civilisationnel islamique, ou de patriotes antillais, ou des révolutionnaires panafricains etc etc... 

    Comme si cette dénégation était la condition, pour l'auteur, de pouvoir s'affirmer patriote populaire-révolutionnaire français - quand "un peu de patriotisme", disait Jaurès, "éloigne de l'interNATIONalisme", alors que "beaucoup y ramène"...

    QUE ÇA NOUS PLAISE OU NON il y a en France, par millions, des Arabes, ou des Berbères, des Antillais, des Africains, des Réunionnais, des Asiatiques (même si beaucoup sont issus de l'exil anticommuniste, certes), des Turcs etc ; qui TANT QU'UN CERTAIN NOMBRE DE "PROBLÈMES" NE SERONT PAS RÉGLÉS ne seront jamais aussi simplement que ça, par "décret" militant, des "prolétaires de France".

    Si cela ne vous convient pas ; si il n'aurait peut-être pas fallu (qui sait ?) amener autant de gens pour les surexploiter et espérer qu'ils ne se syndiquent pas (aujourd'hui ceux qui ont un boulot sont limite sur-représentés dans les syndicats mais bon) et "remplacer" ainsi le prolétariat européen qui avait fait trembler dans les années 30-40-50, en enfermant celui-ci dans (je cite le texte) une "distribution de prébendes matérielles et juridiques construisant artificiellement une opposition qui n'est en dernière instance qu'un degré d'exploitation que la bourgeoisie fait passer pour une divergence d’intérêts pouvant se traduire par une lutte" ; merci d'adresser vos réclamations au général De Gaulle, ou plutôt, à Éric Zemmour chargé de communiquer par tables tournantes avec ses mânes.

    Mais bel et bien des représentants de (et des "ponts" avec) leurs pays d'origine écrasés par le néocolonialisme ; avec lesquels dans "beaucoup de patriotisme qui amène à l'internationalisme", il faut œuvrer à L'UNION DES PATRIOTES RÉVOLUTIONNAIRES contre la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers (et sa déclinaison locale le gouvernement français courroie de transmission de l'UE), plutôt que de s'enfermer (après des paragraphes et des paragraphes qui semblaient aller dans un excellent sens de compréhension du problème) dans son petit et intellectuellement confortable repli sectaire et scrogneugneu.

    Faut-il rappeler ici ce b-a-ba d'histoire du mouvement communiste, que pratiquement TOUTES les organisations révolutionnaires qui devaient libérer les colonies, du Vietnam à l'Algérie en passant par l'Afrique de l'Ouest, sont nées dans les années 20-30 EN MÉTROPOLE sans que la SFIC de l'époque ne songe un seul instant à demander à leurs membres fondateurs de se fondre dans les "deux identités du mouvement populaire français, celle de classe et celle de la patrie française"...

    "C'est ainsi qu'Houria Bouteldja réaffirme que « l'extrême droite n'a de cesse de naturaliser les rapports sociaux » alors que pour « nous » [les décoloniaux] « tout est production sociale et historique » (35), de même que Wissam Xelka affirme que le racisme tel qu'ils le conçoivent n'est pas une simple question d'opinion mais un phénomène que l'on appréhende de façon « matérialiste et dialectique » (36) ! Ont-ils seulement idée de la portée de certains mots, tels que « production » et « dialectique », qui rendent possible une politique radicale - du latin "radicalis" : qui se rattache à la racine - qui cherche les causes profondes et premières, celles à partir desquelles les autres rapports sociaux peuvent s’agréger ?"

    Nan... c'est juste que ; et en pouvant avoir plus que mes désaccords et critiques envers eux,  mais préférant le leur dire (voyez-vous) en face ; ce sont RÉELLEMENT deux éléments parmi les plus marxistes et matérialistes de la mouvance.

    Tandis que Françoise Vergès, longuement étrillée dans le passage qui précède, est en effet beaucoup plus intersectionnelle et foucaldienne (moi aussi ses éléments de langage m'agacent un peu je l'avoue, comme tout ce qui peut de près ou de loin m'évoquer la vision vomitive du péderaste de Sidi Bousaïd).

    Cerise sur le gâteau : "En conclusion, le prolétariat français doit se nier en tant que force historique et réceptacle d'une certaine culture" ; est-il reproché à Houria Bouteldja de penser.

    Mais, au paragraphe précédent, lui est reproché de parler de "groupes culturels écrasés par plusieurs siècles de jacobinisme forcené et qui résistent. Je pense aux Basques, aux Corses, aux Bretons, aux Alsaciens..." : visiblement, ces "réactivations gauchistes du régionalisme maurrassien" ne sont pas dignes de faire partie de la culture populaire séculaire dont le prolétariat français est (bel et bien, pourtant) le récipendiaire.

    Tragi-comique.

    Bref ce texte est un monument de ce qui s'appelle l'idéalisme dogmatique, en fait : je montre, au long de paragraphes et de paragraphes, que j'ai TRÈS BIEN compris les tenants et les aboutissants du problème EXACTEMENT en les mêmes termes que les pose (en tout cas) quelqu'un comme Houria Bouteldja ; MAIS ensuite, de pirouette cacahuète en crotte de nez plus ou moins contre-véritaire et argument d'autorité ("c'est du Céline", "maurassien"...), je m'arrange pour ne pas démordre de mon inébranlable postulat jacobinard/bonapartiste "de gauche", chevènementiste....

    **********************************************

    Visiblement ce passage l'obsède (le Gabriel R.) : « la lutte contre le libéralisme, avec les autres peuples de France, les autres groupes culturels écrasés par plusieurs siècles de jacobinisme forcené et qui résistent. Je pense aux Basques, aux Corses, aux Bretons, aux Alsaciens (…) des convergences avec des nationalistes de gauche sont tout à fait envisageables, bien que je préférerais parler de "nationalismes décoloniaux", tant ils n’ont rien de commun avec la gauche jacobine et coloniale »...

    https://instituthommetotal.fr/affranchi/leur-clivage-et-le-notre-au-sujet-de-la-gauche-et-de-la-droite-231

    C'est l'alpha et l'oméga de son Bouteldja = Maurras.

    Et moi, je dis que je n'ai jamais lu de plus belle proposition politique en 4 décennies d'existence.

    La constitution, comme en 1789-92, d'une Grande Nation civique par la FÉDÉRATION dans un projet révolutionnaire ; et non par l'imposition d'en haut, napoléonienne, d'un berger à son troupeau de moutons.

    Autre découverte intéressante, Thorez revendiquait ouvertement la continuité des Encyclopédistes : « Nous [les communistes] sommes les héritiers authentiques de la pensée révolutionnaire des encyclopédistes du XVIIIe, du matérialisme philosophique de Diderot, Helvetius et d'Holbach. Nous continuons la lignée de ceux qui ont combattu à l'avant-garde de l'humanité. » ("Fils du peuple", Éditions sociales, 1960, page 109)

    Même si c'est certes un peu mieux que l'infect Voltaire, on tient quand même visiblement là une "tare" philosophique fondamentale du communisme français qui peut expliquer beaucoup de choses.

    Car selon les mots magistraux de Guillemin : "Il faudrait tout de même — et cette distinction-là est encore très insuffisamment établie — prendre conscience de l'opposition radicale qu'offrent entre elles la pensée de Voltaire et celle de Rousseau. Le déplorable Gaxotte, qui parlait sans savoir (et d'autant plus impérieusement), évoquait les égalitaires (sic) de l'Encyclopédie. On ne peut rêver plus parfait contresens.Voltaire a pris soin de définir en toute clarté, dans son Essai sur les Mœurs, comment il se représente un pays bien organisé : c'est celui, écrivait-il littéralement, où « le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ». Cette morale d'entretenus est en tout point la sienne. Voltaire tient qu'il importe à l'État d'avoir à sa disposition une masse docile de «gueux ignorants», autrement dit de prolétaires analphabètes « n'ayant que leurs bras pour vivre et constituant cette vile multitude » dont M. Thiers, voltairien, parlera en 1850 à son tour, prévue par la nature pour assurer l'aisance de l'élite. Auteur de l'article Représentants, dans l'Encyclopédie, Diderot précisera sans ambages que les possédants seuls sont qualifiés pour un rôle national.

    Le parti des humbles et des exploités, c'est le choix - contre Voltaire - de Rousseau ; et Robespierre dira vrai, en 1792 quand, souhaitant voir disparaître du club des Jacobins le buste d'Helvétius le matérialiste, il avertira ses amis politiques : « Soyez sûrs que si Helvétius et les penseurs de son espèce avaient vécu de nos jours, ils eussent été nos adversaires » — comme venait effectivement d'en donner la preuve cet abbé Raynal, très vieux mais toujours vivant, tant célébré par Voltaire pour son Histoire philosophique des deux Indes et dont une lettre publique, saluée d'applaudissements par le côté droit de l'Assemblée, avait couvert la Révolution de malveillances et de sarcasmes.Voltaire veut en finir avec le christianisme. Il ne s'en cache pas. « Là où douze faquins ont réussi (les apôtres, ces marins-pêcheurs, ces méprisables, ces gens de la tourbe) pourquoi six hommes de mérite (unissant leurs efforts) ne réussiraient-ils pas ? » La bande à Jésus a su lancer le christianisme ; d'Alembert, Diderot, d'Holbach, Grimm, Helvétius et lui-même, Voltaire, s'ils savent s'y prendre, sont tout à fait capables de détruire cette fable. Mais Rousseau, le maudit, s'est jeté à la traverse, et Condorcet, dans son éloge de Voltaire, n'a pas omis d'opposer au bon travail libérateur du parti des Lumières la triste besogne de Jean-Jacques au profit de ce monument de ténèbres qu'est la superstition. Réelle, très certainement l'influence des Lumières sur la Révolution ; mais l'irréligion affirmée, offensive, militante, à la fin du XVIIIe siècle, est le fait, presque exclusivement, des hautes classes, grands bourgeois, avec les Cambon, ou aristocrates éclairés comme Mirabeau, Condorcet, Sade..."

    De toute façon, une fois qu'on a compris le passage qui a heurté et focalisé leur attention et qui démontre le "maurrassisme" de l'intéressée ; et que moi je trouve excellent ; on a compris le problème.

    Problème... de subjectivisme/idéalisme métaphysique, littéralement religieux, hors compétition : pour l'IHT la Patrie française républicaine une et indivisible EST comme Dieu est pour les religieux. Elle est, c'est tout. Et malheur à qui la remet en question, profane sa sacralité.

    Et non, est quelque chose qui ne peut réellement exister positivement que comme une communauté de destin fédérant dans un PROJET RÉVOLUTIONNAIRE une multitude d'identités "charnelles" (ces identités dans lesquelles les gens se sentent naturellement "au chaud", on va dire) ; faute de quoi, seule et unique autre possibilité, elle n'est que la prison des peuples des monopoles financiers parisiens et de la technocratie à leur service.

    C'est ça la réalité. Et encore il faut s'estimer heureux : l'Hexagone est en réalité beaucoup moins atomisé, beaucoup moins une absence totale de sentiment de communauté civique et de destin, que le battage médiatique que nous en font certains.

    Mais c'est quand même une réalité croissante, oui (même si on ne la ressentira pas forcément beaucoup dans la Nièvre, ou en Charente), que chaque jour non seulement des Arabes, des Noirs, des musulmans, mais aussi des milliers de Corses, de Basques, de Bretons, de Catalans, d'Alsaciens et de Savoyards même, se sentent de moins en moins français ; se sentent plus de leur pays d'origine, ou de leur région et proches des régions limitrophes des États voisins ; ou encore se barrent heureux de se barrer en Grande-Bretagne ou au Canada, ou autre, bref...

    C'est une réalité, que la "Patrie française" n'existe pas simplement parce que Loïc Chaigneau ou Gabriel R. ont décrété qu'elle existe et que penser le contraire c'est être "maurrassien".

    Elle ne peut exister que parce que quelque chose fédère ses 100 ethnos "étroits", "identitaiiiiiires" boouuuuh maurrassieeeeens caca boudin, dans un mouvement commun vers une perspective commune. Comme entre 1789 et (même si c'était l'arnaque à partir de 1794) 1815 ; et dans les révolutions ultérieures et les luttes pour une démocratie/souveraineté pleine et entière et le socialisme jusqu'aux années 1970.

    "La Fraaaance" (monsieur !) ne peut exister, désolé et quoi qu'on pense par ailleurs du personnage abject par bien des aspects, que dans la conception de Renan ; c'est lui qui a raison là-dessus : comme un "plébiscite permanent". Ou bien sûr, évidemment et comme beaucoup d'États dans le monde, comme un enclos à bœufs contraints d'y être ; mais c'est évidemment beaucoup moins réjouissant.

    La "crise" française dont on nous rebat les oreilles, elle est là : il n'y a plus rien qui unit, ni positivement (projet révolutionnaire/émancipateur commun), ni, beaucoup plus merdique mais enfin ça jouait un rôle certain aussi, un ennemi menaçant aux portes, puisqu'il y a aujourd'hui l'Europe sans guerres et le dernier, à quelques centaines de kilomètres, le Pacte de Varsovie, a disparu en 1990. Reste le "terrorisme", ouais... avec la logique destructrice et effroyable d'ennemi intérieur que ça implique.

    Et tout ça, ça ne va pas changer parce que l'IHT nous dit que Dieu est là et qu'il n'y a qu'à l'accepter et l'adorer. Ça ne fonctionne pas comme ça.

    **************************************************

    Après c'est vrai qu'une question qu'au fond aucun des deux bords ne pose ; et qu'un gars, qu'on l'aime ou pas, comme Seba pose ; comme Garvey ou Carmichael/Kwame Touré avant lui ; c'est : comment l'Afrique, d'un côté comme de l'autre du Sahara d'ailleurs, peut réussir à faire ce qu'a fait (ou même le quart de ce qu'a fait) la Chine ?

    Parce que c'est ça le vrai fond du problème. Penser le racisme dans un strict vase clos occidentalo-occidental, et non avant tout comme reflet de comment l'Occident voit les PAYS D'ORIGINE, est condamné à tourner en rond.

    Bien sûr aujourd’hui les décoloniaux, antiracistes politiques etc font le lien entre le racisme ici et maintenant et le passé colonial ; et plus simplement "c'est parce que les gens sont naturellement méchants avec les nouveaux arrivants trop différents d'eux, la tolérance ça doit s'enseigner", comme la génération SOS (je dis la génération SOS parce qu'il ne faut pas tout réduire non plus à une "récupération" PS : si cette récupération a été possible c'est parce que le niveau de conscience moyen de la masse des enfants d'immigrés de ces marches du début des années 80, était celui-là).

    C'est déjà un progrès, mais ensuite les solutions restent largement (trop) pensées dans un cadre franco-français, occidentalo-occidental.

    L'empowerment ici même prôné par les sorosiens à la Rokhaya Diallo n'est pas la solution : c'est ce qui a déjà été fait aux États-Unis et vise uniquement à faire d'une mince élite non-blanche (chargée d'endormir le reste), aussi vindicative soit-elle dans le discours, les obligés mendiants du pouvoir monopoliste blanc.

    Non : si on regarde en réalité, c'est ce qu'il est advenu tout d'abord des pays asiatiques, certes dans un cadre strictement capitaliste et "Plan Marshall" avec tous les problèmes que ça pose, mais quand même ; puis du cœur de la civilisation asiatique, la Chine continentale (et même le Vietnam) ; qui a changé la condition des Asiatiques en Occident, notamment aux États-Unis où leur condition avant la 2e guerre mondiale n'était pas bien meilleure que celle des Noirs.

    En 1945, la Chine bientôt populaire, colonisée depuis un siècle, était le pays le plus pauvre du monde, derrière l'Inde. Et tous les autres pays autour n'étaient guère mieux.

    Maintenant, regardez ce qu'il en est. Et même si tout racisme anti-asiatique n'a pas disparu, le paradigme a quand même changé.

    C'est ça la question qu'il faut poser. Et qui ne l'est pas forcément par un nouvel antiracisme qui va chercher les voies de l'empowerment dans le strict vase clos de la France et de chaque pays occidental. Ou pire, rester purement "créancier" : comment pouvez-vous nous "dédommager"...

    C'est ce qui peut expliquer le squattage du terrain, au détriment des décoloniaux, par les salafistes dont je parlais tout à l'heure, ou (surtout) par la mouvance ikhwan (UOIF) : parce que, proches de la Turquie et du Qatar, même si ces pays ne sont pas la paaaanacée absolue, ils peuvent poser cette question. En montrant ces relatifs modèles de pays musulmans qui ont avancé, ces 20-30 dernières années. Toute la péninsule arabique peut d'ailleurs présenter ce spectacle, pour ceux qui n'aimeraient pas spécialement les Frères.

    Ça c'est un discours qui a un impact chez les 20-40 ans musulmans des quartiers. Parce que, même si "mal" peut-être, il soulève la vraie question : ta condition de musulman ici reflète comment les pays musulmans sont vus et de fait, traités dans les relations internationales par l'Occident ; donc il faut que ces pays avancent et commencent à faire peur comme la Chine l'a fait. (La limite du truc c'est que le développement de la Turquie ou des pays du Golfe ne changera pas fondamentalement la donne tant que ce ne seront pas les pays du Maghreb ou d'Afrique de l'Ouest eux-mêmes qui avanceront)

    Ça rejoint un peu ce que tu dis à ta façon : "il faut être national"... Donc lier aussi fortement que possible le combat pour la dignité ici, à celui du bled sur la scène internationale (bled dont, ne nous mentons pas, tous se sentent nationaux qu'ils aient la double nationalité ou pas).

    Il y a (et ça aussi, souvent l'antiracisme politique cherche à le nier) une communauté de destin de classes populaires reléguées dans des territoires pourris, avec un certain nombre de blancs et quoi qu'on en dise cette communauté de destin a pu se manifester dans des mouvements comme les GJ, c'est sûr, évidemment, si tu allais aux manifs à Marseille ou à Lyon, pas sur un rond point de la Creuse, ça va de soi.

    Mais il faut peut-être abandonner la perspective de se "fondre" comme l'immigration européenne, catholique, souvent de langue et culture romane, culture "de voisins" : ibériques dans le Sud Ouest, piémontais en Provence etc.

    Et puis il ne faut pas croire : je ne sais pas maintenant, mais il y a encore 20 ans, les communautés les plus importantes à avoir gardé leur nationalité étaient, à peu près à égalité autour de 700 000 personnes avec les Algériens... des Européens : portugais, italiens, espagnols. Sauf que bien sûr, avec l'UE, ça n'avait plus aucune importance.

    Donc il ne faut pas croire, et je parle d'expérience, que l'immigration européenne ce sont des gens qui ont complètement oublié qu'ils ont un pays d'origine. Ça c'est ce que veut nous faire croire Zemmour, qui lui, peut-être car fils de miliciens comme Enrico, ne peut pas retourner dans le sien.


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  • Le problème, que l'on retrouve encore une fois de manière éclatante sur l'actuelle question vaccinale et sanitaire en général, avec les "fachos"/"confusionnistes"/"conspis", c'est que ce sont schématiquement (mais parfois il faut être schématique pour mieux saisir les choses) ce que Marx et Engels ont qualifié il y a plus de 170 ans dans le Manifeste de "socialisme féodal", ou un "mix" entre celui-ci et le "socialisme petit-bourgeois" dans la sous-partie suivante (lire ici : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000c.htm).

    D'autres (comme Rebboah) diront "anticapitalisme romantisme", bref (voire, aujourd’hui, même pas vraiment "anticapitalisme" mais nostalgie d'un "bon vieux" capitalisme industriel - donc le contraire de la thèse Rebboah, soit dit en passant - de "bons pères de familles", non-financiarisé, pas aux mains d'actionnaires totalement absents du procès de production, etc. etc.)

    En d'autres termes... BONNES QUESTIONS, mais MAUVAISES RÉPONSES ; et réponses condamnées, pour exister politiquement (accéder à une quelconque gouvernance), à SE VENDRE, CAPITULER leur "anti-systémisme" (étape SYSTÉMATIQUE de tous les mouvements fascistes à travers l'histoire, qu'il ne faut pas oublier et qu'on oublie trop souvent dans l'historiographie antifasciste du phénomène !) pour devenir de zélées chevilles ouvrières de la dictature terroriste de la Finance (et pour tout "patriotisme" clamé urbi et orbi, hormis les expansionnismes impérialistes d'une brutalité indicible de l'Allemagne nazie et du Japon shōwa, VENDRE à la Finance monopoliste impérialiste la souveraineté de leurs pays dans des proportions jamais vues auparavant).

    MAIS face à cela, la gauche anticapitaliste se réduit depuis bien 50 ans à un "antifascisme" de pacotille ; dont Pasolini a magistralement (il y a 50 ans) résumé d'un trait de plume le caractère grotesque "utilisant, contre le néo-capitalisme (néolibéral-policier, si on veut) des armes qui portent en réalité sa marque de fabrique et ne font que renforcer son hégémonie" ; et qui consiste, dès lors qu'un vilain "faf" ou "confusionniste" est (le plus souvent à raison !) identifié... à REJETER EN BLOC toutes les problématiques qu'il soulève et, de fait, INTERDIRE DE POSER LES BONNES QUESTIONS ; au lieu de s'en emparer et, balayant les mauvaises réponses "anticapitalistes (ou alter-capitalistes) romantiques/nostalgiques", y apporter les BONNES réponses révolutionnaires. 

    Voilà comment nous en sommes arrivés là où nous en sommes.

    L'actuelle, on l'a dit, question vaccinale et plus largement sanitaire nous en offre encore une fois un exemple éclatant : la gauche radicale, (fièrement) "anticapitaliste et antifasciste", paralysée intellectuellement par le passif (déjà) des courants "antivax" au thèses fumeuses, refuse d'aller sur le terrain des vraies (et énormes, et souvent scandaleuses) questions soulevées par la gestion de cette crise par les ploutocrates néolibéraux qui nous gouvernent ; laissant ainsi ce terrain à de drôles d'oiseaux... dont elles prend alors le prétexte pour refuser encore plus d'y aller, et cataloguer "fasciste" le simple fait de soulever la moindre question, ou d'essayer d'apporter la moindre réponse alternative à celle du gouvernement.

    Il ne faut dès lors pas s'étonner si les masses populaires, y compris les mieux dotées d'une conscience de classe, syndiquées, qui se mobilisent depuis juillet à la base contre les atermoiements des directions, se détournent de cette gauche qui ne devrait totaliser à la présidentielle (Mélenchon compris, qui lui a peut-être adopté la ligne la moins pourrave de toutes) qu'autour de 25%, face à un macronisme à peu près équivalent et... des droites plus ou moins radicales totalisant près de 50% des voix ayant l'intention de s'exprimer, avec de plus en plus un Zemmour qui se détache du mouchoir de poche autour de 15-17% avec Le Pen et Bertrand, et pourrait bien accéder au second tour... (assurant alors à coup à peu près sûr la réélection de Macron, ce qui est de toute façon le but de la manœuvre).

    Les authentiques forces révolutionnaires au service du peuple, recherchant et proposant les bonnes réponses au bonnes questions au lieu des les évacuer parce que des "fasciiiistes" les soulèvent aussi, sont encore à ce stade trop faibles et peu audibles, victimes de la plus gigantesque opération contre-révolutionnaire de tous les temps, qui a été le "grand remplacement" du camp révolutionnaire du peuple, véritable fil rouge de l'histoire séculaire du pays depuis Rousseau et 1789 voire depuis les Croquants et les Bonnets Rouges, les Jacques et même les Bagaudes, par un gauchisme complètement dégénéré.

    Sur le fascisme


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  • Bon, si on veut, je vais répondre ici et par la même occasion à tous tes récents posts sur la question, ce que j'en pense :

    - Il y a une bourgeoisie (et même une grande bourgeoisie, une oligarchie) juive. Effectivement on ne va pas le nier, c'est une réalité. "En tension" permanente, depuis la fin du 18e siècle, entre s'intégrer dans la bourgeoisie de ses pays respectifs, et rester une bourgeoisie juive "en réseau" partout où elle peut être présente ; mais oui, quand même, beaucoup se considèrent d'abord comme juifs et comme la bourgeoisie d'une "Nation juive" présente partout où elle se trouve, bon certes surtout en Occident et (autrefois) en Europe centrale, les autres (juifs de l’Est profond, de Russie, parlant yiddish, et juifs orientaux étant un peu considérés par elle comme des "bougnoules"...).- À partir de là, comme toute bourgeoisie de toute nation, elle entre en concurrence avec les AUTRES bourgeoisies, pour la défense de ses intérêts dans l'arène mondiale.- ET, comme toute bourgeoisie de toute nation, dans cette lutte, elle utilise "ses" masses populaires, les petits juifs du monde entier... comme CHAIR À CANON. Comme boucliers humains pour se prendre les coups des autres bourgeoisies (et de leurs masses de petits soldats) qu'elle a énervées.

    - Et forcément, vu le rapport de force numérique, quand ça se tend, pour cette chair à canon bouclier humain, ça peut faire très très mal. Jusqu'au génocide...

    - Génocide qui fut le point culminant de plus d'un siècle et demi de tensions, d'un écheveau complexe entre concurrence des réseaux bourgeois juifs (Rotschild ou autres) et des autres bourgeoisies occidentales, et volonté d'un certain nombre de se fondre dans ces bourgeoisies nationales mais volonté forcément vue avec méfiance, comme une "infiltration" ; entre un assimilationnisme et un séparatisme (concrétisé au bout du compte dans le sionisme) en général aussi forcenés l'un que l'autre ; bref.

    - Après cet apogée des tensions (et de toutes les tensions entre puissances occidentales), dans le nouvel ordre mondial post 1945, la solution suivante a été trouvée : "un bon juif" est un double national d'un pays occidental ET de l'État sioniste d'Israël enfin créé pour donner à la bourgeoisie juive mondiale l'assise territoriale dont elle était privée ; et il se doit d'être un zélé défenseur des intérêts de l'un comme l'autre, qui sont de toute façon liés puisque Israël est un avant-poste de l'impérialisme au Proche Orient...

    ET, encore une fois, une éventuelle chair à canon, un bouclier humain, car encore une fois ça ne plaît pas non plus à tout le monde (aux musulmans victimes de l'impérialisme dont l'Entité est un fer de lance, notamment), et les coups peuvent arriver, même si ça n'a bien sûr absolument pas le niveau des violences antijuives en Europe (ou parfois en Afrique du Nord colonisée) au 19e siècle et début du 20e, et encore moins de la Shoah.

    - Tout ceci ayant été exposé dans le détail... est-ce notre rôle, en tant que révolutionnaires, de rentrer dans ce jeu ?

    Bien évidemment, non. Nôtre rôle est de travailler à L'AMITIÉ ENTRE LES PEUPLES, et à la GUERRE contre toutes les oligarchies (d'autant plus qu'elles ont aujourd'hui atteint un grand niveau d'intégration/fusion, seules les oligarchies chinoise et russe étant réellement des adversaires des autres), juive/sioniste inclue, mais pas "spécifiquement"...

    Et les masses populaires (auto- ou exo-définies comme) juives, dans tous les cas, ne doivent quant à elles en rien être une cible, pas plus que les travailleurs américains pour autant que nous puissions haïr l'impérialisme US ; bien entendu elles pourront être critiquées si elles font preuve de chauvinisme (généralement ce qu'on pourrait appeler "atlanto-sioniste") comme c'est hélas souvent le cas ; mais ni plus ni moins qu'un français ou un américain ou un allemand de base se montrant chauvin ou raciste ; et combattues si elles se font nervis comme avec la LDJ, mais pas plus que n'importe quel groupe de nervis fascistes de n'importe quelle nationalité.


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  • https://materialismehistorique.com/index.php/6-le-nouvel-idealisme

    Mouais... D'accord avec énormément de points mais attention tout de même, on sent comme souvent dans l'anti-postmodernisme, une dérive rebbohesque vers le FANA-modernisme, qui conduirait tôt ou tard à n'être qu'une espèce de nouvelle Église positiviste secte parmi tant d'autres.

    "Selon la pensée postmoderne, les sciences et les connaissances ne sont pas objectives, ne représentent pas un progrès pour l’humanité et ne servent au contraire qu’à exclure et à opprimer" => bah, déso pas déso mais, le marxisme LE PREMIER a amené cette rupture avec le culte du Progrès en soi, pour dire que le Progrès avait comme toute chose une nature DE CLASSE.... donc méfiance, même si sans tomber bien sûr dans le rejet complet (rousseauiste ou luddiste).

    Les postmodernes ont ensuite rajouté qu'il avait une nature de genre, ce qui n'est pas totalement faux : le capitalisme d'accumulation primitive et de révolution industrielle a été très patriarcal, même si à partir du 19e siècle il a aussi laissé les femmes suivre le modèle pour elles de la lutte petite-bourgeoise pour "les droiiiiits" abstraits, et fait progressivement de plus en plus de place à cette lutte ; et une nature "de race", ce qui est évident puisque c'est l'Occident qui a imposé le capitalisme, son "Progrès" et ses valeurs à la planète entière.

    Le problème n'est pas là, mais plutôt dans le fait de partir dans tous les sens (suivant les conceptions du pédophile Foucault) contre "toutes les oppressions" avec à l'arrivée tout le monde qui est à la fois un opprimé et un oppresseur ; faisant perdre de vue le "principe organisateur" suprême "clé de voûte" qu'il faut frapper, en l'occurrence la dictature exterministe mondiale des monopoles financiers. 

    Une forme, en définitive, de lutte petite-bourgeoise... MODERNE pour les droits formels, devenue "folle", partant dans tous les sens dans une espèce de guichet des réclamations généralisé de droits-créances. Faisant, quelque part, du postmoderne rien de plus (ni de moins) qu'un MODERNE tombé en dépression et qui s'auto-mutile (en attaquant, notamment, en bloc ses propres fondations "lumiéreuses" là où la tâche révolutionnaire serait plutôt le discernement et peut-être la remise en question de la mythologie bourgeoise des "Lumières sont un bloc") ; comme peuvent le montrer par exemple les attaques sournoises et totalement contre-véritaires de Sala-Molins contre Rousseau après avoir très justement dénoncé bon nombre de lumiéreux esclavagistes ou abolitionnistes mais négrophobes.

    Bref les camarades québécois ici présents ne devraient pas perdre de vue, comme il semblent être en train de le faire, que comme le disait magnifiquement Pasolini il est TOUT AUSSI humain de vouloir aller de l'avant que de regarder en arrière, et l'inhumanité (par déduction) consiste à imposer exclusivement soit l'un soit l'autre - la révolution devant TOUJOURS se situer dans cette dialectique, puisque l'histoire humaine consiste en dernière analyse à aller... du communisme (primitif) au communisme (technologique final), du Jardin à la Grande Ville.

    Une chausse trappe (de vouloir combattre le postmodernisme par un modernisme lumiéreux fanatique) similaire et parallèle, au fond, à celle qui consiste face à l'ordre capitaliste mondialisé actuel, à vouloir revenir aux "petits ordres mondiaux" des États-"nations" avec (bien souvent) leurs empires coloniaux...

    Il faut notamment, avant d'être anti ou au contraire un fanatique des Lumières, se rendre compte peut-être qu'elles ont été construites comme un "bloc" dans le roman historiographique de l'aile gauche de la bourgeoisie afin de "souder" artificiellement à elle et ses intérêts (et être soudé à une aile de la bourgeoisie, c'est au final être soudé à la bourgeoisie tout court) le "peuple de gauche", notamment le mouvement ouvrier ; de la même manière que la mythologie de droite fabriquait le mythe d'un petit peuple contre-révolutionnaire (par attachement au catholicisme, refus de la conscription, haine des bourgeois racheteurs) aux "mêmes intérêts" que les ci-devants de Coblence.

    Comprendre que Voltaire et les encyclopédistes (eux-mêmes déjà différents) et Rousseau, ça n'avait rien à  voir, etc etc ; et que la seule chose dont a à se réclamer un marxiste n'est pas ce grand sac abusif des "Lumières" mais le SOCIALISME SCIENTIFIQUE mariage de la perspective révolutionnaire de Rousseau (démocratie réelle, égalité sociale, revenir au communisme primitif "à un niveau supérieur") et de la méthode scientifique (mais certainement pas la vision politique !!) des encyclopédistes. 

    [Je peux citer d'ailleurs de longs passages de la partie 6 "La dernière tâche à accomplir pour la bourgeoisie : l’extension complète de la démocratie libérale" qui rejoignent ce que je dis ici.

    Dans les paragraphes suivants par contre ça y est on bascule, dans le rejet en l'occurrence de la thèse du colonialisme intérieur aux États-Unis qui est une thèse marxiste-léniniste FONDAMENTALE d'un ami personnel de Staline (Harry Haywood) ; et dans l'illusion idéaliste la plus totale sur la  capacité de ce système de se réformer "selon les principes du libéralisme classique" (!!), dans un État ultra-impérialiste NÉ comme une colonie avec (donc) un système de privilège colon blanc et d'indigénat pour les autres, de manière structurelle, "existentielle".

    Même si BIEN SÛR la direction petite-bourgeoise "aile gauche du Parti démo-crade" (typiquement DSA) du mouvement BLM doit être critiquée, et d'ailleurs l'est, par les authentiques révolutionnaires new afrikans héritiers de Haywood, de Williams et des Panthers.

    Une direction petite-bourgeoise qui se traduit effectivement par ce genre d'influence foucauïde-butlerienne-intersec liquidant complètement (au plus grand bonheur de la domination) la primauté "clé" de la lutte anti-impérialiste (*anticoloniale intérieure*) du Peuple new afrikan, et de là son unité avec la lutte de TOUS LES PEUPLES (y compris en effet les petits blancs rednecks, comme avait commencé à le faire l'immense Fred Hampton avec les Young Patriots) contre la dictature monopoliste exterministe, ici sous la forme de l'appareil d’État US.

    Avant d'abattre "le capitalisme" en tant que tel (exploitation du travail des prolétaires par les propriétaires capitalistes des moyens de production), il y a au jour d'aujourd'hui et depuis que Lénine l'a défini ainsi, une première tâche qui va "débloquer" cette possibilité : la lutte ANTI-IMPÉRIALISTE, anti-coloniale (donc antiraciste oui sur le plan superstructurel-moral, mais on ne doit pas rester sur ce plan, en effet), anti-oppression nationale ; la LUTTE DES PEUPLES contre la dictature, planétaire, des monopoles financiers et son "organisation spatiale".

    Le problème est que comme elle est "clé", cette lutte va faire l'objet de toutes les manœuvres du Pouvoir pour la désamorcer, de diverses manières :

    - Proclamation abstraite de la "primauté de la lutte des classes" (comme si s'attaquer à la division internationale, inter-régionale, inter-peuples, bref l'organisation spatiale de l'exploitation n'était pas de la lutte des classes...), de l'"unité des travailleurs" contre ce qui les "divise", dans un raisonnement purement formel, schématique, abstrait, de ceux qu'on peut qualifier d'ouvriéristes-économistes et diviser en deux catégories (à la frontière souvent poreuse...), les nihilistes nationaux et les sociaux-chauvins.

    - Ou alors la "noyer", comme une "oppression" parmi d'autres, dans la lutte "woke"-intersectionnelle contre "toutes les z'oppressions".

    - Mettre en avant un "pur" antiracisme déconnecté de ces considérations de division impérialiste du travail ; un antiracisme qui pour aussi "radical" qu'il puisse se prétendre ne pourra jamais être que moral ; jamais consister qu'en un combat contre de "mauvaises" pensées ou actions d'individus, éventuellement d'institutions, mais desquelles toujours il s'agira de MENDIER la répression... à qui, sinon à l’État monopoliste impérialiste lui-même ?!!]

    [Ci-dessous une carte d'une URSS d'Amérique du Nord. Visiblement c'est issu d'une sorte de "jeu", mais techniquement... ce n'est pas si mal]

    Sur le texte anti postmoderne des maoïstes canadiens


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  • Rapport Jdanov (1947) : "Une tâche particulière incombe aux Partis communistes frères de France, d’Italie, d’Angleterre et des autres pays. Ils doivent prendre en main le drapeau de la défense de l’indépendance nationale et de la souveraineté de leurs propres pays, (se comporter) résolument en sentinelles de la paix durable et de la démocratie populaire, de la souveraineté nationale, de la liberté et de l’indépendance de leur pays, (savoir), dans leur lutte contre les tentatives d’asservissement économique et politique de leur pays, se mettre à la tête de toutes les forces disposées à défendre la cause de l’honneur et de l’indépendance nationale (...)"

    https://vivelemaoisme.org/andrei-jdanov-rapport-sur-la/

    Donc les choses sont on ne peut plus claires et conformes à ce que j'ai dit et répété, n'en déplaise à qui que ce soit : à l'heure de l'impérialisme "total", du monde impérialiste "consolidé" après le "tri" et le "réagencement" opérés par les guerres mondiales entre les puissances qui formaient le paysage décrit par Lénine dans son opus de 1916 ; l'ordre de jour Y COMPRIS EN EUROPE est bel et bien à la DÉFENSE DE L'INDÉPENDANCE/SOUVERAINETÉ NATIONALE DES PEUPLES contre ce qu'il appelle le camp, mais qu'on pourrait aussi appeler le Système impérialiste planétaire.

    Un Système dont les monopoles français (et anglais, italiens, allemands etc.) FONT BIEN SÛR PARTIE, dans une espèce d'"hommage" de "vassalité"' aux Centres capitalistiques mondiaux incontestés que sont les littoraux nord-américains (et politiquement, Washington) ; et contre lequel, donc, il ne s'agit pas de défendre LEUR indépendance (ce que pourrait être peut-être le programme de Mélenchon, comme hier de Chevènement, et en tout cas assurément celui de la "droite souverainiste" plus ou moins néogaulliste) ; mais bel et bien celle, et la souveraineté démocratique, des MASSES POPULAIRES de chaque nation.

    Et il ne faut surtout pas croire que les choses, hormis la disparition de ce que le camarade Jdanov appelait en contrepartie le camp démocratique et socialiste, qui n'a fait que les EMPIRER, aient fondamentalement changé aujourd'hui. Nous avons toujours bien ce même monde impérialiste "agencé" en "pyramide" de Centres monopolistes vassaux (plus ou moins loyaux) du super-Centre US ; avec ses institutions mondiales (FMI, Banque mondiale, OMC etc.) et continentales ; comme notamment l'UE constituée essentiellement autour des monopoles français et allemands et qui depuis la réunification allemande en 1990, tente éventuellement d'être l'instrument d'une certaine "autonomie" de ces Centres vis à vis de l'Amérique du Nord ; et face à cela, ce que l'on peut appeler (dans une analyse de leur "introversion" et "extraversion" économique et des autres facteurs - démographique, militaire etc.) des "puissances semi-périphériques" à ce stade non-socialistes ou dont le socialisme est "discuté", qui tentent de se poser en challengers de cet ordre mondial : Russie, Chine, dans une moindre mesure Iran, Turquie... (et Inde, Brésil, Afrique du Sud mais beaucoup plus '"alignés" quant à eux).

    Fondamentalement, la situation et donc l'ordre du jour DEMEURENT ABSOLUMENT LES MÊMES.

    Ceci, bien sûr, dans des pays avancés comme ceux d'Europe, ne peut pratiquement être synonyme que de mettre en place le socialisme... et cela n'a donc justement aucun sens, comme le font certains, de vouloir OPPOSER l'un à l'autre ; de faire du premier mot d'ordre une soi-disant antithèse "révisionniste" du second, ou une "étape intermédiaire réformiste" que l'on voudrait "imposer" avant lui. 

    Après, évidemment, depuis sa lointaine Russie, Jdanov n'est pas vraiment rentré dans les détails de la façon dont les identités régionales, les "petites patries" de France ou d'Italie ou d'ailleurs pouvaient CONTRIBUER à cette défense des "grandes" contre le Système impérialiste (la dictature exterministe mondiale d'une poignée de Centres monopolistes financiers).

    Et moi, je me sépare clairement sur cette question des forces communistes françaises, ou italiennes, qui aujourd'hui et sur place ne se posent pas non plus la question ou s'y opposent catégoriquement (PRCF, PCI de Rizzo...).

    Ces forces ne voient pas qu'avant le monde "agencé" tel que le décrit Jdanov et qu'il est encore aujourd'hui (en pire, même...), il y avait déjà des "morceaux" de monde, des "prés carrés" tout autant sous la dictature exploiteuse et exterministe d'une concentration capitalistique/monopolistique dans un Centre d'accumulation, et tout autant ennemis des peuples et de toute expression démocratique de leurs volontés : tout simplement ce qu'on appelait... les États-"nations" ; en réalité, à l'époque de l'ouvrage de Lénine, une poignée d'États généralement GRANDS EMPIRES pouvant se compter sur les doigts des mains : Grande-Bretagne et son Empire (aujourd'hui rebaptisé Commonwealth) comprenant le Canada, l'Australie etc. ; États-Unis, France, Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique, avec leurs empires coloniaux le cas échéant ; Portugal valet de Londres, etc. (je ne parle pas, bien sûr, des États surgis en multitude en Europe après 1918, et sur les continents colonisés après 1945 - ou même déjà, avant ces dates, en Amérique latine - qui n'ont jamais été que des protectorats ne disant pas leur nom).

    Et que vouloir REVENIR à ces... "niveaux inférieurs", simplement, mais non moins oppresseurs de concentration du pouvoir capitaliste sur les masses populaires, est non seulement impossible ("faire tourner la roue de l'histoire à l'envers") mais nullement moins réactionnaire que l'ordre mondial actuel que nous combattons ; donc, ne sert pas vraiment à grand chose.

    Voilà. Mais sur le fond des conclusions qu'il y a à tirer des analyses du Rapport Jdanov, toujours valables sur l'essentiel aujourd'hui, je les tire et m'y tiens et je ne vois pas le problème qu'il y a d'un point de vue léniniste.


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  • Moi je pense qu'il faut démystifier les Lumières, oui. Et leur conséquence la Révolution.

    Qu'est-ce que c'est que ces espèces de grands sacs, dans lesquels on fourre des gens qui se haïssaient entre eux ou qui carrément, pendant la Révolution, se condamnaient à la guillotine ? Des serviteurs de despotes comme Voltaire ou Diderot, et des démocrates irréductibles comme Rousseau et plus tard Robespierre ? Des gens qui ont défendu l'infériorité des Noirs et même vécu de l'esclavage (Voltaire avait des action dans la traite il paraît*), et des gens qui l'ont aboli ?

    Dans les "Lumières" sont confondues les luttes héroïques des peuples contre le 1% de l'époque ; et les manœuvres intellectuelles de ceux qui cherchaient à PROFITER de ces luttes pour se débarrasser du 1%... et prendre sa place.

    Il est temps que ce confusionnisme cesse.

    J'étudiais justement la question il y a encore quelques jours et je trouve qu'il y a en réalité des systèmes philosophiques très différents pour ne pas dire opposés.

    Rousseau était contre les institutions religieuses de son époque mais déiste avec Dieu = un système de valeurs, celles qu'il défendait. Meslier, qu'a repris opportunistement Voltaire, avait rejeté l’Église et de là l'existence de Dieu, pour leur hypocrisie mais au nom des valeurs qu'il était censé défendre en tant que curé.

    Voltaire croyait également à un "architecte" de l'univers, tandis que Diderot était allé au bout jusqu'à sa négation ; mais ils rejetaient l'abrahamisme au nom de quelque chose de très précis qui était la liberté absolue pour l'"homme de bien" (comprendre de BIENS : propriétaire) et cultivé de vivre selon son bon plaisir ; et, chez Voltaire en tout cas, la Vulgate chrétienne conservait son utilité pour tenir la "brute" inculte et pauvre en respect : "je veux que mes domestiques croient en Dieu, je n'en serai que moins volé" (Thiers dira plus tard : "cette bonne philosophie qui enseigne à la vile multitude qu'elle est là pour souffrir et non jouir").

    Rousseau, contrairement aux délires de Sala-Molins dont la whiteguilt (effectivement fondée sur le fait qu'il est comme nous tous un bénéficiaire des profits de l'impérialisme présent et passé) confine à la pathologie, a formulé un rejet DE PRINCIPE de l'esclavage et de la servitude en tout lieu et toutes circonstances (de manière limite erronée pour un marxiste qui considère que dans l'Antiquité, cette division du travail a été indispensable à de nombreux progrès pour l'humanité). Raison pour laquelle il n'a pas attaqué spécifiquement la Traite de son époque (quoi qu'il y a un passage dans la Nouvelle Héloïse je crois, qui semble assez sans équivoque : « J’ai vu ces vastes et malheureuses contrées qui ne semblent destinées qu’à couvrir la terre de troupeaux d’esclaves. À leur vil aspect j’ai détourné les yeux de dédain, d’horreur et de pitié, et voyant la quatrième partie (le quart) de mes semblables changée en bêtes pour le service des autres, et j’ai gémi d’être homme » => probable qu'il parle de l'Afrique et des Africains, non ?).

    http://bulgc18.com/Rousseau/Dorigny_FR.htm

    Pour Voltaire et Diderot, c'est juste un problème "physiocratique" de moindre efficacité économique. Ce qui n'a pas empêché le premier de parfois faire des affaires avec des négriers, et le second de fréquenter Catherine II qui compensait l'absence de colonies à esclaves noirs par une servitude quasi comparable de la moitié du peuple russe lui-même...

    À un moment donné, il n'est plus difficile de comprendre que l'arrivée en bloc des uns et des autres au pouvoir ait débouché sur un affrontement à mort entre eux et des milliers de guillotinades.

    Il faut lire par exemple Guillemin à ce sujet, son "Silence aux pauvres" ou "les hommes de biens contre Robespierre" http://ekladata.com/sKaiNqAAx9cLHo9e4RzUzmpEzu0/SILENCE-AUX-PAUVRES.pdf ** 

    C'étaient DEUX IDÉOLOGIES DIFFÉRENTES, tout simplement. Qui, comme toutes les idéologies et quelle que soit la classe des individus qui les émettaient, reflétaient les intérêts de deux classes ou proto classes différentes : la bourgeoisie qui s'apprêtait à se substituer à la noblesse de "sang bleu" comme aristocratie financière ; et le prolétariat ou en tout cas les classes populaires, les travailleurs, paysans etc en train de lui donner naissance.

    C'est quoi la "Raison", cette notion abstraite qui supposément les unissait ?

    Pour Rousseau, c'était la supériorité du Bien (notion idéaliste bien sûr : il manquait le matérialisme marxiste pour expliquer que ce "Bien" est ce qui est adapté à l'époque et non périmé, historiquement dépassé, barbare = "Mal" ; ou la "réforme intellectuelle et morale", comme disait Gramsci, qu'une époque de mode de production dépassé et décadent appelle de toute ses forces) sur quoi que puisse dire toute Église ou Temple prétendant au monopole de la définition du Bien et du Mal ; parce que cette notion de Bien, tout être humain qui à l'état de nature jadis était "farouche" mais bon, l'a au fond de lui.

    Après tout... qu'a dit d'autre Jésus devant Caïphe et le Sanhédrin ??

    Et au-delà de ça, on voit bien que cette "Raison" n'en demeurait pas moins complètement métaphysique et idéaliste, donc, d'un strict point de vue marxiste, d'aucune valeur.

    Pour un Voltaire ou un Diderot, par contre, la "Raison" c'était "venez pas me faire chier avec vos sermons, pour me culpabiliser de jouir comme bon me semble de ce que j'ai 'honnêtement' (tu parles !) accumulé".

    [* "Le 1er décembre 1751, un bateau négrier, Le Saint-Georges, est parti de Cadix pour la Guinée.Voltaire avait personnellement engagé 2500 piastres dans cette expédition.Outre qu’il a spéculé sur les produits coloniaux qui arrivaient des Antilles à Cadix et qui résultaient du travail des esclaves, Voltaire savait très bien que Cadix était un port négrier.Ainsi Voltaire a-t-il, sans contestation possible, cofinancé au moins une expédition négrière et très vraisemblablement plusieurs autres." http://une-autre-histoire.org/voltaire-armateur-negrier/ ]

    [** "Nous vivons encore trop souvent, pour une part et à notre insu, sous l'influence du fameux refrain de Gavroche, dans Les Misérables : « C'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau. »Il faudrait tout de même —et cette distinction-là est encore très insuffisamment établie —prendre conscience de l'opposition radicale qu'offrent entre elles la pensée de Voltaire et celle de Rousseau. Le déplorable Gaxotte, qui parlait sans savoir (et d'autant plus impérieusement), évoquait les égalitaires (sic) de l'Encyclopédie. On ne peut rêver plus parfait contresens. Voltaire a pris soin de définir en toute clarté, dans son Essai sur les Mœurs, comment il se représente un pays bien organisé : c'est celui, écrivait-il littéralement, où « le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ». Cette morale d'entretenus est en tout point la sienne. Voltaire tient qu'il importe à l'État d'avoir à sa disposition une masse docile de «gueux ignorants», autrement dit de prolétaires analphabètes « n'ayant que leurs bras pour vivre et constituant cette vile multitude » dont M. Thiers, voltairien, parlera en 1850 à son tour, prévue par la nature pour assurer l'aisance de l'élite.Auteur de l'article Représentants, dans l'Encyclopédie, Diderot précisera sans ambages que les possédants seuls sont qualifiés pour un rôle national.Le parti des humbles et des exploités, c'est le choix -contre Voltaire -de Rousseau ; et Robespierre dira vrai, en 1792 quand, souhaitant voir disparaître du club des Jacobins le buste d'Helvétius le matérialiste, il avertira ses amis politiques : « Soyez sûrs que si Helvétius et les penseurs de son espèce avaient vécu de nos jours, ils eussent été nos adversaires » —comme venait effectivement d'en donner la preuve cet abbé Raynal, très vieux mais toujours vivant, tant célébré par Voltaire pour son Histoire philosophique des deux Indes et dont une lettre publique, saluée d'applaudissements par le côté droit de l'Assemblée, avait couvert la Révolution de malveillances et de sarcasmes. Voltaire veut en finir avec le christianisme. Il ne s'en cache pas. « Là où douze faquins ont réussi (les apôtres, ces marins-pêcheurs, ces méprisables, ces gens de la tourbe) pourquoi six hommes de mérite (unissant leurs efforts) ne réussiraient-ils pas ? »La bande à Jésus a su lancer le christianisme ; d'Alembert, Diderot, d'Holbach, Grimm, Helvétius et lui-même, Voltaire, s'ils savent s'y prendre, sont tout à fait capables de détruire cette fable. Mais Rousseau, le maudit, s'est jeté à la traverse, et Condorcet, dans son éloge de Voltaire, n'a pas omis d'opposer au bon travail libérateur du parti des Lumières la triste besogne de Jean-Jacques au profit de ce monument de ténèbres qu'est la superstition. Réelle, très certainement l'influence des Lumières sur la Révolution ; mais l'irréligion affirmée, offensive, militante, à la fin du XVIIIe siècle, est le fait, presque exclusivement, des hautes classes, grands bourgeois, avec les Cambon, ou aristocrates éclairés comme Mirabeau, Condorcet, Sade."

    "Tout va bien, donc, pour la République, quand soudain Robespierre se voit confronté à un problème inattendu : un clan, exclusivement bourgeois (Soboul l'a établi dans son admirable thèse de douze cents pages sur Les Sans-culottes parisiens de l'an II), lance une campagne furieuse de déchristianisation. Elle commence avec l'affaire du nouveau calendrier déclenchée par Fabre d'Églantine ; quand l'évêque (constitutionnel) Grégoire, républicain décidé, demande pourquoi ce changement, la réponse est claire : pour qu'il n'y ait plus de dimanches, et plus de messes. Et tant pis si l'ouvrier ne se repose plus que tous les dix jours seulement. Anacharsis Clootz et Léonard Bourdon obtiennent —par on ne sait quel chantage —de l'évêque de Paris, Gobel, qu'il se déprêtrise publiquement, le 7 novembre. Tels représentants en mission, comme Dumont dans les départements du Nord, ou Javogues en Saône-et-Loire et dans l'Ain, font la chasse aux animaux noirs (ce sont les curés). La Commune désaffecte Notre-Dame de Paris, qui devient Temple de la Raison et Cambon réclame la fermeture immédiate de toutes les églises dans la France entière.Robespierre dit non ; nous sommes le 21 novembre 1793. Robespierre exige que soit maintenue la liberté de conscience. Il ne veut pas d'un totalitarisme athée ; mais il se heurte à forte partie, car, de même qu'à la Constituante la majorité était voltairienne (c'est la Constituante qui a désaffecté l'église Sainte-Geneviève pour en faire le Panthéon où elle a conduit, en grande pompe, le 10 juillet 1791, les cendres du glorieux Impie), de même, la majorité de la Convention ne demande pas mieux que de voir disparaître les principes, à tous égards désobligeants, du christianisme. Mirabeau se disait ouvertement « athée avec délices »; le marquis de Sade précisait, quant à lui : « athée avec fanatisme ». Les Girondins avaient voulu s'opposer à toute allusion à Dieu dans la nouvelle Déclaration des droits de l'Homme et leur ténor Isnard trouvait d'une lenteur fastidieuse « l'agonie de la Superstition ».Si Robespierre prend énergiquement parti contre cette brutale intolérance, c'est que, fervent disciple de Rousseau, il a, de longue date, quant au sens de la Révolution, une arrière-pensée qui commande toute son action, et il n'a pas craint d'imprimer, dans son périodique Le Défenseur, en juin 1792, cette apostrophe à l'Être suprême : « Ô Dieu, cette cause est la tienne », la cause qu'il défend, de l'équité. À ses yeux, la Révolution -sinon, elle est condamnée à l'insignifiance -doit comporter un nouveau regard de l'homme sur la vie, la mort, et l'emploi des jours. Cette vertu dont il parlera (et dont se gaussera bassement Danton) le 5 février 1794, dans son rapport Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la République, c'est, avant tout, l'esprit civique, la solidarité, la bonne volonté courageuse, la préférence du Bien, l'esprit de sacrifice, la grandeur d'âme, la magnanimité. Nous voulons, se risque-t-il à dire, une Cité « où toutes les âmes s'agrandiront », la République des cœurs purs... Cette espèce de naïveté poignante, ça aussi, sachons-le, c'est le propre de Robespierre, de Robespierre sombrement résigné, en même temps, à la Terreur et à la guillotine.On imagine les haussements d'épaules et l'agacement irrité chez ceux —et ils sont légion —qui souscrivent à la formule de Voltaire : « Le plaisir est le but, le devoir (sic) et l'objet de tous les êtres raisonnables. » Le 18 Floréal, Robespierre s'avise d'exprimer toute sa pensée sur « le rapport des idées religieuses avec les principes républicains » ; et, cette fois, c'en est trop, car il dénude la docilité de ce qu'il nomme la secte encyclopédiste à l'égard des despotes, pourvu qu'ils soient éclairés. Le jour où il célèbre la Fête de l'Être suprême — le 8 juin, dans l'ancien calendrier, date de la Pentecôte pour l'année 1794 -Robespierre signe son arrêt de mort. Depuis près de deux ans, les trois quarts (pour le moins) des Conventionnels attendent qu'apparaisse le moyen de fermer, et si possible à jamais, cette parenthèse odieuse ouverte par le 10 août dans la vie politique et sociale. Or, voici que cette chance apparaît. Des rangs mêmes de la Montagne, le 8 juin, pendant la fête, ont fusé contre Robespierre des cris de haine, des interpellations insultantes. La semaine suivante, le 15, Vadier (membre du Comité de Sûreté générale) ravit l'assemblée en contant l'histoire de Catherine Théot, cette vieille folle mystique de la Contrescarpe qui prédit un nouveau Messie ; chacun a compris l'allusion : le nouvel Élu du Seigneur aucun doute, pour la grotesque prophétesse, c'est Robespierre, ce «prêtre et qui ne sera jamais qu'un prêtre », comme avait si bien dit Condorcet. Michelet crie sa joie devant l'opération Vadier : « On se tordait, dit-il, sur les bancs de la Convention. Rire immense. Rire sacré. Enfin Voltaire ressuscite. Béni sois-tu, bon revenant ! »"]


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  • https://youtu.be/TIG-TPFbo38

    Je vais regarder (bon là ça y est c'est fait et ce n'est pas trop mal... disons que ça pourrait être une BONNE INTRODUCTION pédagogique pour un travailleur blanc sensible, comme beaucoup, aux sirènes populistes racistes) ; mais bon on sera déjà d'accord sur le postulat-titre : Zemmour n'a rien compris, ou plutôt (vu son intelligence) il fait semblant de ne rien comprendre à l'immigration.

    Après, il n'y a pour moi pas grand chose à comprendre de plus à l'immigration ACTUELLE (pas celle des années 60-70*), qu'elle est en quelque sorte un immense MARRONAGE depuis les pays-plantations esclavagistes dans lesquels la division internationale impérialiste du travail, désormais, loin d'envoyer ses sergents recruteurs sur place comme dans les années 60, veut tenir fermement enfermée la force de travail ; ou alors tout simplement une fuite des guerres et du chaos semés par l'Empire ; un marronnage, dans tous les cas, dont le devoir internationaliste et anti-impérialiste est de se montrer SOLIDAIRES.

    Après, si l'on souhaite et elle est effectivement souhaitable, la disparition de cet état de fait où des millions d'êtres humains risquent leurs vies dans le désert ou en mer ou dans les neiges des Alpes, ça passe et ne peut passer que par libérer les pays de départ des sangsues impérialistes.

    Chacun de ces deux points, Zemmour n'y a effectivement rien compris, ou fait du moins semblant de ne pas le comprendre, car en vérité ce que fuient ces gens dans leurs pays, est très probablement ce que LUI veut pour ces pays : l'esclavage néolib-néocon, dont il n'est en dernière analyse qu'un vulgaire propagandiste de guerre, sous le masque alter-impérialiste d'une poutinophilie qu'il suppose plus populaire que l'atlantisme crasse d'un BHL.

    [* Par rapport à un des récents articles de Chaigneau : bien sûr que la bourgeoisie a dans les années 60 à 80 cherché et RÉUSSI à détruire la lutte des classes qui l'avait tant faite trembler dans les années 30-40-50 ; et l'on peut dire que cela est passé par le "grand remplacement" du prolétariat gaulois ou immigré européen, qui l'avait faite trembler, par une immigration extra européenne réputée moins consciente et plus docile (mais était-ce réellement le cas ? que l'on pense à octobre 1961, au Mouvement des Travailleurs Arabes et aux luttes des foyers dans les années 70, aux luttes "chiites" de Talbot en 82-83...), oui ; mais dire SEULEMENT cela est oublier le DEUXIÈME terme de la manœuvre, celui qu'a pu admirablement décrire Linhart tant dans son récit de son expérience à Citroën, que plus tard dans un entretien avec Bettelheim : le "PETIT EMBOURGEOISEMENT" de la classe ouvrière européenne à travers les surprofits de l'impérialisme extérieur (dans le monde) ET intérieur (la surexploitation de l'immigration extra européenne en France même) ; car si l'on a "remplacé" par les immigrés le prolétariat blanc, la question qui se pose est : où est donc passé celui-ci ?

    « Je m'étonne. Il n'est que manœuvre ? Ce n'est quand même pas si facile, la soudure à l'étain. Et moi qui ne sais rien faire, on m'a embauché comme "ouvrier spécialisé" (O.S.2, dit le contrat) : O.S., dans la hiérarchie des pas-grand-chose, c'est pourtant au-dessus de manœuvre... Mouloud, visiblement, n'a pas envie de s'étendre. Je n'insiste pas. À la première occasion, je me renseignerai sur les principes de classification de Citroën. Quelques jours plus tard, un autre ouvrier me les donnera. Il y a six catégories d'ouvriers non qualifiés. De bas en haut : trois catégories de manœuvre (M. 1., M. 2, M.3) ; trois catégories d'ouvriers spécialisés (O.S. 1, O.S. 2, O.S. 3). Quand à la répartition, elle se fait d'une façon tout à fait simple : elle est raciste. Les Noirs sont M. 1, tout en bas de l'échelle. Les Arabes sont M. 2 ou M. 3. Les Espagnols, les Portugais et les autres immigrés européens sont en général O.S. 2. Les Français sont, d'office, O.S. 2. Et on devient O.S. 3 à la tête du client, selon le bon vouloir des chefs. Voilà pourquoi je suis ouvrier spécialisé et Mouloud manœuvre, voilà pourquoi je gagne quelques centimes de plus par heure, quoique je sois incapable de faire son travail. Et après, on ira faire des statistiques subtiles sur la "grille des classifications", comme disent les spécialistes. »

    Robert Linhart, L'Établi (relatant son expérience ouvrière à l'usine Citroën de la Porte de Choisy, en 1968-69)

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/la-race-sociale-arme-massive-de-la-surexploitation-dont-a-besoin-le-ca-a158552494

    "Aujourd’hui, la France est évidemment un pays impérialiste, mais la conscience qu’en ont les gens, et en particulier les intellectuels, est beaucoup plus faible. La France est en ce moment en train de mettre à sac le Gabon, le Maroc, l’Amazonie, le Mato Grosso : c’est la plus-value drainée par les investissements français dans le monde entier qui permet à la bourgeoisie française de restructurer son industrie et gérer un énorme chômage sans avoir encore provoqué une explosion sociale."

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/entretien-debat-de-1977-entre-charles-bettelheim-l-ex-gp-robert-linhar-a165900082]"

    Par ailleurs, entre 5:30 et 8:10 environ, il y a une lecture d'un long passage de Clouscard dont je m'interrogeais depuis longtemps sur les positions sur "la race" ; et très honnêtement, je ne vois pas ce qu'il dit d'archi choquant d'un point de vue antiraciste politique ou décolonial, alors qu'aujourd'hui la plupart des gens se réclamant de lui sont farouchement anti-"indigénistes identitaires"... quand bien même un lien avec l'impérialisme, le colonialisme et sa transition au néocolonialisme auraient été bienvenu ; mais bon, c'est juste un passage, ça se trouve peut-être dans d'autres pages de son œuvre...

    [Bon après, un argument tout con ça aurait peut-être pu être tout simplement que Zemmour est gaulliste ("mon parti il n'existe plus, c'était le RPR")... et qu'à l'époque qui a vu la naissance d'une présence musulmane de masse sur le sol hexagonal, ce n'était pas Miteux la Francisque (aussi détestable soit-il) qui était au pouvoir. Mais De Gaulle, puis Pompidou.

    Ah oui c'était bien beau, et bien pratique, tout en concédant un standing petit-bourgeois aux travailleurs euro-descendants dont on redoutait les puissantes luttes organisées, de les remplacer comme prolétariat "à la Zola" par une immigration extra-européenne réputée (réputée seulement, que ce soit vraiment le cas c'est autre chose !) servile et corvéable à merci, de la manière décrite on ne peut plus clairement par Linhart.

    Si maintenant on est pas content, il fallait réfléchir avant.

    Aujourd'hui que ça plaise ou non la réalité est que les nations néocolonisées de l'ancien empire colonial ont des "prolongements" en Hexagone, qui ont vocation à y mener conjointement aux autres, dans une "Internationale domestique des beaufs et des barbares", la guerre des peuples contre la dictature mondiale de l'aristocratie financière (en faisant en outre office de "ponts" fort utiles avec les luttes de leurs pays d'origine pillés par cette dictature impérialiste).

    Zemmour lui est un propagandiste de guerre islamophobe et néocon-sioniste du camp opposé, ennemi, quand bien même il feint de se détourner d'un atlantisme impopulaire au profit d'un "alter-impérialisme" centré sur la Russie (d'ailleurs en grande partie fantasmée en l'espèce : pas sûr que son myocarde y résisterait si on lui disait qu'elle abrite les plus grandes mosquées du monde hors pays ultra majoritairement musulmans).

    Les camps sont simples et les choses aussi. Mais certes Attali n'est pas foncièrement autre chose, sous son masque de "gentil flic" "progressiste". C'est un oligarque financier au même titre que les maîtres de Zemmour (Bolloré etc.) et l'oligarchie financière est l'ennemi en bloc, indivisible, peu importe le discours réac ou "progressiste" qu'elle adopte par stratagème, pour s'adresser à des segments d'opinion différents et conserver une population hexagonale coupée en deux plutôt qu'unie contre elle.]


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  • - Les Centres, semi-périphéries et périphéries sont des réalités à la fois territoriales et sociales ; sur la base du concept d'introversion/extraversion.

    - Les Centres sont les populations, sises dans des territoires, qui "pompent" (en quelque sorte) ; les périphéries celles qui sont "pompées" ; et les semi-périphéries celles qui sont d'un côté pompées mais bénéficient aussi d'un pompage.

    - Les Centres, ce sont les "métropoles mondialisées-connectées" petites bourgeoises occidentales (et japonaises, + quelques centres hors Occident, en Russie, en Chine, à la limite les oligarchies de chez oligarchie du Sud comme "centres relais"...).

    - La "semi-périphérie centrale", ce sont les masses populaires blanches ; c'est à dire effectivement presque tout le monde en Europe de l'Est et du Sud, mais aussi les masses les plus reléguées d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord. Ceci inclut la plus grande partie des peuples à question nationale d'Europe. On peut aussi y adjoindre, sans doute, une grande partie du Nord-Est asiatique.

    - La "semi-périphérie périphérique", ce sont les masses "indigènes" non-blanches du Nord global.

    - Enfin, la périphérie mondiale proprement dite c'est tout le reste : les 3/4 de l'humanité qui vivent en régime "semi-colonial semi-féodal".

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-une-controverse-de-definitions-entre-marxisme-et-decolonialisme-a157559122

    [L'on pourrait ajouter que l'objectif numéro 1 des Centres et de leurs maîtres ploutocrates financiers, c'est de dresser les semi-périphéries contre les périphéries (les "beaufs" contre les "barbares", si on veut...) et même les différentes semi-périphéries et périphéries entre elles ; à travers l'activisme d'une certain nombre d'ultra-réactionnaires et fascistes, chauvins, tibalistes etc., mais aussi, plus ou moins involontairement, de gauchistes...

    L'objectif des révolutionnaires doit être au contraire, et bien entendu, de rechercher tous les moyens de les fédérer, les unir dans un même "effort de guerre" contre la dictature mondiale des monopoles financiers des Centres.]


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  • Cerrón (dirigeant de Perú Libre, le parti au pouvoir avec Castillo) a évidemment raison ; tandis que Pedro Castillo (voir l'autre image) dit *évidemment* tout ce qu'il peut dire et rien d'autre s'il veut éviter une procédure immédiate en destitution (en vérité même ne rien dire aurait de sa part été jugé "suspect" d'"apologie du terrorisme", et rien que tenter de glisser, comme il le fait subliminalement, le message "nous visons le même but mais par des moyens différents" est déjà énorme pour le Pérou post-fujimoriste).

    Bien entendu que le Parti communiste du Pérou (PCP) "Sentier Lumineux", dont le "grand leader"-"jefatura"* Abimael Guzmán dit "Gonzalo" vient de décéder en prison, n'est pas sorti de nulle part.  

    (* En fait même la réalité de ce poste est sujette à discussion : il aurait été amené au maoïsme et intellectuellement subordonné à sa première compagne Augusta La Torre "Norah" ; et il est même possible que le véritable "cerveau" ait été Efraín Morote Best, père du longtemps numéro 2 Osman, ethnologue découvreur dans les années 1950 du mythe messianique indigène de l'Inkarri et premier recteur de l'université d'Ayacucho à sa réouverture en 1959, qui a poursuivi pour sa part une carrière intellectuelle légale et "au dessus de tout soupçon" jusqu'à sa mort en 1989...)

    En 1980, le Pérou sortait à peine d'une dictature militaire de droite (Morales Bermudez) qui avait renversé 5 ans plus tôt celle, de gauche, de Velasco Alvarado (qui avait fait de bonnes choses mais, comme tout processus mené "bureaucratiquement d'en haut", suscité aussi son lot de déceptions) ; et les élections du "retour à la démocratie" s'apprêtaient à ramener au pouvoir un oligarque droitard de la pire espèce, Belaunde Terry, déjà au pouvoir et renversé par Velasco 12 ans plus tôt après une proposition d'indemnisation d'un montant indécent aux monopoles impérialistes US pour qu'ils veuillent bien le laisser reprendre le contrôle des champs de pétrole nationaux (ce que Velasco avait alors fait derechef militairement et sans autre forme de procès).

    L'un des principaux axes de sa politique une fois revenu aux affaires, sera d'ailleurs de détricoter par tous les moyens la maigre réforme agraire initiée par Velasco.

    "Mieux" encore : aux termes de la nouvelle constitution de 1979, quelques 40% des Péruviens (indigènes des campagnes) allaient pouvoir voter... pour la première fois de leur existence. Auparavant, il fallait pour avoir le droit de vote savoir un minimum lire et écrire en espagnol ; ce qui excluait de fait cette part gigantesque de la population.

    Le terreau était donc BIEN SÛR fertile pour un soulèvement armé de cette population paysanne des campagnes, indigène ou métisse à dominante indigène, dépossédée et humiliée depuis 5 siècle et trouvant dans le "cocktail" (si j'ose dire) Mariategui-Mao de Gonzalo la perspective d'une réalisation possible de ses espérances messianiques de libération ; tandis que l'essentiel de la gauche de l'époque, y compris les multiples rejetons du Parti communiste fondé par Mariategui en 1928, restait enfermée dans une perspective essentiellement ouvrière et urbaine.

    Un mouvement, sur les 5 premières années 1980-85, assez localisé (région d'Ayacucho, Apurimac etc., bref "Andes centrales") mais, dans ces secteurs, d'une popularité réelle ; comme ont pu le montrer les obsèques d'Edith Lagos https://vivelemaoisme.org/huit-mars-honneur-a-la-camarade-edith-lagos-heroique-combattante-du-pcp/, militante assassinée par la police à Ayacucho en septembre 1982. Le tout nouvellement nommé Premier ministre de Castillo, Guido Bellido, a d'ailleurs soulevé récemment une polémique (enfin, dans les milieux citadins aisés hostiles à son gouvernement, s'entend) pour des propos relativement amènes envers elle https://elcomercio.pe/politica/gobierno/guido-bellido-de-admirador-de-la-terrorista-edith-lagos-e-investigado-por-apologia-al-terrorismo-a-premier-de-pedro-castillo-sendero-luminoso-vladimir-cerron-peru-libre-perfil-noticia/... comme quoi ! 

    Ici un article donnant quelques pistes de compréhension de ce phénomène :

    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/sur-gonzalo-le-pcp-et-la-guerre-populaire-au-perou-a137912272

    En 1985, la nouvelle élection présidentielle est remportée par Alan García de l'APRA, vieux parti social-démocrate créé à l'époque de Mariategui et dont l'accession au pouvoir avait maintes fois été contrecarrée par l'oligarchie et l'armée. 

    Les perspectives (illusoires) de changement pour les masses populaires, conjuguées déjà à une première tendance à la désaffection vis à vis des pratiques sectaires et souvent brutales du Sendero, amènent un premier mouvement de reflux de la guerre populaire (à cette époque, le PCP est en outre fortement engagé au niveau international dans la constitution d'une nouvelle Internationale communiste maoïste sous son leadership - bien sûr - incontesté, et dans ces âpres discussions et parfois controverses, tend au profit de la plus grande "pureté" idéologique à s'éloigner de ce qui faisait sa "péruvianité", sa "ligne directe" avec les théories de Mariategui et son lien avec les espérances messianiques en l'"Inkarri" libérateur étudié par Morote, bref tout ce qui avait fait son succès initial dans la paysannerie quechua).

    (* Comme j'ai pu l'écrire dans un commentaire ailleurs : "Le  problème c'est que le PCP "Sendero", qui au départ se réclamait énormément de Mariategui (leur sobriquet lui-même vient du slogan "par le sentier lumineux de Mariategui" en en-tête de leur journal dans les années 60), s'en est à mon humble avis considérablement éloigné à mesure qu'il s'est engagé au plan international dans la lutte pour imposer le "marxisme-léninisme-maoïsme, principalement maoïsme, 3e et supérieure étape de la science marxiste".

    Toujours à mon humble avis, qu'on trouve un intérêt universel à certains concepts de Mao je veux bien, en plus de respecter son grand combat anti-révisionniste (du moins avant que de gauchisme en droitisme ça ne devienne n'importe quoi à partir de 1970...) ; mais de là à le sacraliser totalement en alpha et oméga alors que son œuvre (et toute sa gloire !) a d'abord consisté à "traduire", rendre applicable et appliquer le marxisme-léninisme dans l'aire civilisationnelle asiatique ; et le faire supplanter Mariategui qui lui, est l'indispensable traduction et application du marxisme-léninisme à l'Amérique du Sud ; il y a un pas qu'il n'aurait pas fallu franchir à mon avis.")

    Mais, comme tous les socialopes de l'époque (il y aura d'ailleurs un grand congrès de l'Internationale socialiste à Lima en 1986, durant lequel se déroulera une répression-massacre dans les prisons), García ne tardera pas à tomber le masque de social-traître et à se montrer un excellent élève de l'offensive néolibérale mondiale.

    À partir de 1988-89, tout en continuant à péricliter dans ses foyers originels, le PCP-Sendero connaît donc une nouvelle expansion dans d'autres régions et surtout dans les grands centres urbains, qui se sont remplis de migrants ruraux entre temps, et notamment la capitale Lima.

    C'est de cette époque que date ce documentaire (ici sous-titré en français) d'une chaîne britannique : https://youtu.be/QeaYOBLP8Gk ; reportage honnête qui montre une réalité bien éloignée d'une "poignée" de "terroristes" fanatiques et meurtriers complètement coupés et ennemis d'une population intégralement hostile ; même si l'idée (non seulement de la direction de l'organisation, dans une fuite en avant gauchiste qui sera fatale, mais aussi de beaucoup d'observateurs bourgeois !) qu'il ait été "aux portes du pouvoir" était certainement très exagérée.

    C'est, on le sait, le psychopathe fasciste (en plus d'ultra-néoliberal) Fujimori, élu en 1990 et auto-investi de pouvoirs dictatoriaux en 1992, qui en aura finalement raison 1/ en réussissant le "coup" extraordinaire, bien sûr, de la capture de Gonzalo, coup forcément fatal à terme pour un mouvement aussi centré sur le culte quasi religieux de son leader ; mais aussi 2/ en livrant aux "bases d'appui" de la guérilla... et aux populations réputées "complices" une véritable guerre d'extermination faisant des dizaines de milliers de victimes ; de fait, la grande majorité des 70 000 victimes du conflit (et en réalité, possiblement bien plus) reconnues plus tard (après la chute de Fujimori) par la dite "Commission Vérité et Réconciliation" et pour lesquelles le quasi "50-50" de morts attribués au Sendero et aux forces adverses (militaires, policières, paramilitaires) est évidemment plus que sujet à discussion, pour ne pas dire totalement contre-intuitif au regard d'un siècle d'expérience des conflits asymétriques (qui font plutôt, en général, 10% de leurs victimes de la main des insurgés et 90% de celle de leur répression).

    On découvre encore aujourd'hui des fosses contenant plusieurs dizaines voire centaines de corps, datant de cette époque.

    Lorsque Fujimori est chassé du pouvoir en 2000, il ne reste plus que quelques foyers de guérilla absolument résiduels.

    Bien entendu, le principe de toute défaite est de permettre au vainqueur d'écrire l'histoire à sa guise et de raconter ce qu'il veut sur le vaincu ; et d'en remplir les crânes du peuple. Peut-on dire que les méthodes du PCP-SL aient été fondamentalement plus brutales que celles du FLN algérien ? Rien n'est moins sûr, si l'on pense à des massacres tels que celui de Melouza (300 victimes), tant contre des colons que contre des collaborateurs de l'armée française ou même des mouvements nationalistes rivaux (MNA) ; MAIS le FLN a gagné la guerre, et l'Algérie est aujourd'hui un État indépendant avec lequel la communauté internationale doit traiter comme tel.

    Néanmoins, il y a peut-être eu aussi au terme de ces années de conflit une "réceptivité" de l'opinion publique à la narration anti-Sendero, pas forcément commune ; pour que Castillo même vis à vis de son PROPRE électorat (provincial/rural pauvre) ne puisse pas tenir un autre discours, et doive au contraire revendiquer son passé de "rondero" ("rondes" armées des communautés paysannes pour assurer leur sécurité contre la délinquance, le vol de bétail etc. mais aussi à l'époque contre le Sendero, même si vu son âge et sa région d'origine Castillo n'y a certainement jamais eu affaire).

    Il suffit de penser à la large majorité d'ex soviétiques (encore plus large chez ceux qui ont connu l'époque !!) qui ont une opinion favorable de l'URSS et même de Staline ; malgré toute la propagande diabolisatrice déversée dessus.

    Pour l'un comme l'autre, la rapidité de la défaite et cette impopularité dans les classes au nom desquelles se menait la guerre populaire, une autocritique devrait s'imposer ; mais ce qui distingue l'organisation politique de la secte (et le Sentier avait de fortes tendances sectaires...), c'est l'incapacité de cette dernière à cela. 

    Ceux qui en ont *très partiellement* réalisé une, le Movadef, mouvement légaliste... sans jamais se voir réellement légaliser, pour l'amnistie des prisonniers politiques, n'ont rien produit de bien intéressant ni en ligne ni en pratique. 

    Les autres éléments résiduels,  essentiellement dans des milieux intellectuels et notamment enseignants (revenant ainsi aux "origines" du mouvement à l'université de Huamanga, qui avait pour principale vocation de former des instituteurs pour alphabétiser les campagnes, jeunes instituteurs dont le Parti fit ses "missionnaires" idéologiques), passent leur temps à s'étriper entre eux sur la réalité ou non d'une "capitulation" (appel à des accords de paix) de Gonzalo, en 1993, qui n'était selon toute vraisemblance que le geste responsable (et louable) d'un "général" vaincu appelant à un repli en bon ordre pour ne pas sacrifier inutilement plus de vies de combattants, et surtout de civils dans un combat pour le moment dans l'impasse, en attendant le moment de se relancer...

    Hormis quelques groupes épars (quelques dizaines d'individus tout au plus) et, dit-on, liés à la production de coca, IL N'Y A PLUS de base paysanne armée du Sentier Lumineux au Pérou. Et une oligarchie INTELLIGENTE devrait s'en estimer heureuse... au lieu, comme l'oligarchie péruvienne à la stupidité défiant tout entendement, de maintenir en vie ce qui n'existe plus en hurlant au terrorisme ("terruquear") devant tout ce qui depuis cette base sociale, comme Perú Libre de Cerrón et Castillo, remet un tant soit peu en cause ses privilèges.

    Car en attendant, comme le dit très justement Cerrón, rien de ce qui a déclenché et alimenté le conflit dans les années 70-80 n'a fondamentalement changé.

    Et un mouvement révolutionnaire déterminé et (cette fois) un peu plus "rationnel" dans sa tête pourrait bien se lever demain et, cette fois, vraiment faire le grand ménage.


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  • En fait voilà, si je veux résumer et synthétiser à l'extrême ma pensée sur ce sujet (LA MIENNE, ce n'est pas la ligne exclusive de ce groupe, vous avez le droit de ne pas être d'accord) :

    1/ La révolution, démocratique radicale (on va dire) d'abord et socialiste ensuite ; et les grandes religions révélées (christianisme, islam, bouddhisme, et même judaïsme) ; se sont entre-égorgées pendant plus de deux siècles.

    Oui, c'est vrai, on ne peut pas nier lorsque XXXX (un intervenant) égrène les chiffres de religieux ou simples croyants tués par les révolutionnaires en France dans les années 1790, en Espagne dans les années 1930, en URSS et dans les autres pays socialiste... 

    C'est juste que ce serait un poil plus honnête si il nous rappelait aussi les quantités de révolutionnaires assassinés par des réactionnaires bénis par les autorités des dites religions, que ce soit sous le Parti de l'Ordre en France après 1815, 1848 ou 1871, en Russie avec les armées blanches, en Espagne avec Primo de Rivera et Franco ; tous les miliciens inspirés par une profonde foi chrétienne et qui par anticommunisme sont allés se faire les séides du paganisme barbare nazi pendant la Seconde Guerre mondiale ; les nationalistes croates de Pavelic ou slovaques de Tiso et j'en passe ; les massacres en Chine sous Tchang Kaï-chek ou en Indonésie en 1965-66, les dictatures anticommunistes en Amérique latine etc. etc. etc.

    2/ Le moment est venu, tel est le fond de ma pensée, que les uns et les autres COMPRENNENT DÉSORMAIS QU'ILS ONT LE MÊME ENNEMI en réalité, et unissent leurs forces...

    À présent que cet ennemi ; j'ai nommé bien sûr le capitalisme impérialiste, le règne de la Finance, le "culte de Mammon", "néolibéral" au sens de retour assumé à son essence profonde qu'il avait un peu cherché à dissimuler tant aux uns qu'aux autres ; règne depuis 30 ans d'un bout à l'autre de la planète sans partage, sans plus rien qui le retienne ; et montre bien à chacun qu'il n'est ni son allié même le plus tactique qui soit, ni à l'opposé un quelconque fantasme d'"allié de l'autre en réalité" ("jumeaux libéralisme et marxisme" pour les religieux, mais on combat bien sûr ce dernier avant tout hein, "religions réactionnaires opium au service du Capital" pour les marxistes) ; mais bien l'ennemi de tous, car l'ennemi de l'humanité toute entière et, en réalité, de tout ce qui fait humain l'être humain.

    Si cette oligarchie capitaliste impérialiste, cette aristocratie financière, est toujours là et bien là au pouvoir ; 200 ans après qu'ait été proclamé le mot d'ordre de "liberté, égalité, fraternité" (dont le marxisme n'est que la compréhension scientifique des moyens de la réalisation) pour le genre humain ; c'est bel et bien parce que le genre humain en question est resté tout au long de ces deux siècles DIVISÉ entre exaltés par ce que "le monde change de base", et attachés farouches à ces traditions, héritages du passé, fondements de l'identité culturelle des peuples vers lesquels Pasolini disait que regarder et même vouloir revenir est aussi humain et nécessaire que ce qui nous pousse à aller de l’avant.

    Il nous faut donc mettre fin à cette division qui n'est qu'un sinistre game perdant-perdant.
    Trouver les voies de travailler ensemble contre ce féroce, exterministe ennemi commun, pour le moins ; si tant est que "fusionner" les conceptions du monde (l'une idéaliste, transcendante, l'autre expliquant toute pensée comme reflet d'une réalité matérielle concrète) n'est guère envisageable à court ou moyen terme (laissons donc le temps long nous "éclairer/apporter les réponses sur ce en quoi nous divergions", comme dit en substance la sourate 5 du Coran).

    Il nous faudra sans doute, d'un côté, nous purger de quelques fumisteries gauchistes (moi, en ce qui me concerne, plus le temps passe moins il me semble devoir m'en coûter, tant cette infâme gauchisterie prétentieuse, encore plus maintenant avec le pass sanitaire et l'obligation vaccinale, me donne envie de vomir) ; et de l'autre, de quelques conceptions outrancièrement réactionnaires, archaïques, bigotes...

    Mais voilà : telle est ma conception, si j'ai, comme je l'espère, réussi cette fois à l'exposer vraiment clairement.

    Personne ici n'étant, encore une fois, obligé d'être d'accord avec moi là-dessus. Mais j'essaierai pour ma part, chaque fois que ce sera possible, d'agit-proper dans le sens de cette perspective.

    Qui tout de même, il faut le dire, me semble de plus en plus largement partagée par les derniers héritiers directs des grandes révolutions marxistes du siècle dernier (direction cubaine et, avant sa mort, Fidel Castro depuis au moins les années 80 ; direction biélorusse ou transnistrienne ; Parti communiste de la Fédération de Russie - mais de manière certes contestée par d'autres forces communistes se voulant plus fidèles à l'héritage léniniste - etc. etc.).



    [Petites réflexions théologiques miennes, pour celles et ceux que ça peut intéresser]

    Nul ne SAIT ce qu'est Dieu : les gens CROIENT, et non savent.

    Dans les articles même de la foi, le jour où croire deviendra SAVOIR est le Jour Dernier.

    C'est bien cela d'ailleurs que, dans la monothéisme abrahamique, il n'a pas de nom (on lui donne comme nom propre, unique, ce qui est le nom commun pour dire "divinité" dans la langue de chaque peuple), et n'est pas représenté (sauf un peu dans le catholicisme à partir de la fin du Moyen Âge, comme un vieux roi barbu, mais c'est une hérésie absolue en principe).

    La VISION DE DIEU qu'ont les êtres humains est donc quelque chose qui change, évolue à travers le temps.
    Celle de Jésus, ou du Prophète Mohammed n'était déjà pas exactement celle des premiers hébreux d'Abraham ou de Moïse - empreinte de beaucoup plus de crainte par exemple, Dieu terrible, qui fait trembler comme le tonnerre ; au 1er ou au 7e siècle de notre ère, on est déjà beaucoup plus sur une vision de Dieu "ami", car la condition humaine et l'être-au-monde ont changé, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

    Bref : tout cela pour dire que ce n'est pas parce que la vision de Dieu de Rousseau ou Robespierre n'est pas celle du Nouveau Testament, qu'elle n'est pas légitime.

    Elle est celle d'hommes vivant 1700 ans plus tard. L'être humain a alors considérablement progressé dans la maîtrise de sa condition et de son destin ; dût-il alors apprendre à renouer avec l'humilité (le même problème se posait déjà après les avancées grecques et romaines dans la compréhension et la maîtrise du monde, à l'époque du Christ et du Prophète).

    Il n'en reste pas moins que des constantes demeurent : il y a le Bien ; ce que le cerveau humain est normalement programmé pour ressentir comme agréable dans son existence et, s'il est capable (ce qui est encore mieux) d'empathie, celle des autres ; et les moyens de faire "régner" au maximum ce Bien dans la société humaine dans laquelle on vit, oeuvrer à cela étant la garantie d'un bien-être encore plus total dans l'au-delà (en tout cas, telle est la récompense sur laquelle cette quête éternelle s'est fondée durant des millénaires).

    Teilhard de Chardin, pourtant prêtre catholique jésuite, a encore au 20e siècle proposé une vision du divin encore plus éloignée des canons néotestamentaires chrétiens que ne l'était le déisme de Rousseau ; déclarée de prime abord anathème par l'Église avant que celle-ci n'accepte tout doucement de bien vouloir y réfléchir.

    Quoi qu'il en soit, il n'est pas vrai de dire que les authentiques et sincères révolutionnaires comme Rousseau ou Robespierre, et tous ceux s'inspirant d'eux ensuite dans les révolutions démocratiques, et d'autres encore aussi nombreux se réclamant du marxisme, n'ont pas été des serviteurs de Dieu (du Bien) sous prétexte qu'ils n'avaient pas la vision de Dieu fixée par le dogme catholique, ou protestant ou orthodoxe, ou musulman ou juif talmudique.

    Être serviteur de Dieu c'est œuvrer pour le Bien sur la terre, point (toujours bien sûr avec prudence et humilité - c'est surtout ça la question centrale -, car l'Enfer est aussi pavé de bonnes intentions... mais sans non plus tirer de cette célèbre maxime un prétexte à la passivité face au Mal, à la résignation, à "on ne peut rien y faire" parce que toute bonne intention transformatrice du monde qui nous entoure ne serait bonne qu'à paver l'Enfer).

    En face de cela, 1°/ le "corps" collectif de l'Anti-Christ (ennemi du Christ et de Dieu) ce sont ceux qui n'admettent aucune notion de Bien et de Mal (ou, pour les marxistes, de Sens de l'Histoire et de ce qui va dans ce sens ou alors à l'encontre) ; uniquement ce qui est agréable à leur petite personne, avec pour seule légitimité ("justifiant" qu'ils l'aient "mérité") leur capacité à l'obtenir par quelque moyen que ce soit (par la force, la ruse ou l'argent) : les voltairiens, sadiens, nietzschéens...

    2°/ Il y a bien sûr également ceux qui, donc, "pavent l'Enfer de bonnes intentions", qui font le Mal en voulant éperdument faire le Bien. Bon, cela dépend de multiples facteurs, du degré de "errare humanum" ou au contraire de "perseverare diabolicum", du niveau de manque d'humilité (vertu cardinale et essentielle) dans la prétention, qui ne va forcément pas arranger les choses (Macron lui-même ne serait-il pas auto-persuadé, dans son "christianisme social" ricoeurien, d'oeuvrer au bien-être futur de la population ? mais tellement imbu de lui-même, persuadé d'être un véritable Envoyé divin, qu'il fait tout le contraire et rien ne le conduit à se remettre en question) ; pour pouvoir déterminer à quel point la chose est "coupable".

    3°/ Il y a ceux aussi, on l'a dit, qui n'acceptent qu'une seule façon historique de voir "Dieu" = le Bien et que ce dogmatisme conduit à la passivité et à la résignation, dans le "meilleur" des cas ; et dans le pire à servir le Mal, l'oppression, à se faire Caïphe envoyant le Christ "blasphémateur" sur la croix.

    Mais les pires restent quand même les 1°/.


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  • Quel pourrait être, dans la nouvelle Europe démocratique des peuples, fédérative et anticapitaliste que nous voulons, le statut de ces populations prolétaires que l'on appelle communément "issues de l'immigration" (en réalité une très grande partie de la population européenne notamment urbaine est issue de mouvements migratoires, mais on entend "discrètement" par là : immigration EXTRA-EUROPÉENNE) ; "non-blancs" (terme générique de l'antiracisme politique), "Indigènes du Nord" (terme du PIR) ou encore "quartiers sous gestion coloniale" (notion développée il y a une vingtaine d'années par le MIB) ?

    La "tradition" marxiste-léniniste (La Question Nationale de Staline généralement citée, nombreux écrits de Lénine etc.) est classiquement connue pour être plutôt rétive à la reconnaissance de droits nationaux-culturels à des populations dispersées en petits îlots de peuplement à l'échelle d'un pays entier, ou carrément mêlées à la population majoritaire, et non établies sur un territoire national précis bien défini.

    Pour autant, par le passé récent, des organisations d'inspiration marxiste-léniniste, maoïste etc. ont déjà pu être amenées à poser sérieusement la question ; notamment chez les minorités racialement opprimées aux États-Unis (Black Panthers et leurs précurseurs Robert F. Williams et Harry Haywood, Young Lords portoricains, etc.).

    Et de fait, tant dans les textes que dans la pratique qui fut celle (un certain temps du moins) de l'Union soviétique, des pistes de réflexion peuvent apparaître.

    Ainsi, dans les "Notes critiques sur la Question Nationale" de Lénine (réponse au programme socialiste autrichien de Brünn, 1913), au milieu d'un propos général globalement hostile à l'"autonomie culturelle" des populations "dispersées", on peut néanmoins trouver formulée cette proposition :

    « Sans aucun doute, enfin, il importe au plus haut point, pour supprimer toute oppression nationale, de créer des districts autonomes, même de très petites dimensions, à composition nationale complète et unique et autour desquels pourraient ainsi "graviter", entretenant avec eux des rapports et des associations libres de toutes sortes, les membres d’une nationalité donnée dispersée en différents points du pays ou même du globe. »

    https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000g.htm (traduit un peu différemment dans cette source)

    C'est effectivement là une piste de réflexion fort intéressante, puisque ces "districts autonomes" "même très petits" pourraient très bien être... ce que l'on appelle communément "les quartiers", où se concentrent ghettoïsés "sous gestion coloniale" les prolétaires issus de l'immigration du Sud global ; "quartiers" érigés en COMMUNES POPULAIRES à statut particulier, autonomes, et autour desquelles "graviterait" donc l'ensemble du mouvement organisé pour les droits démocratiques de ces populations au niveau hexagonal et continental en général.

    Sachant par ailleurs que le racisme subi par les "issus de l'immigration" en Occident (et les Noirs aux États-Unis, "immigrés involontaires" par déportation esclavagiste depuis 300 ans...) est d'abord le "reflet", dans ces métropoles impérialistes, de la domination néocoloniale exercée sur les pays et continents d'origine : ainsi, ces pays et continents EUX-MÊMES LIBÉRÉS par la révolution anti-impérialiste (qui a toutes les chances d'ailleurs, disons-le, de survenir là-bas bien avant ici), et rendus à la pleine souveraineté de leurs peuples, seront de toute manière les "bases arrières" toutes trouvées pour garantir l'égalité démocratique de leurs diasporas.

    Une nationalité (quoique Vladimir Illitch ait pu lui dénier cette qualité durant sa période "jacobine", en 1903 : "l’idée d’une nation juive distincte (...) tout à fait insoutenable du point de vue scientifique et réactionnaire du point de vue politique", avant de la reconnaître explicitement 10 ans plus tard : "la nation la plus opprimée et la plus persécutée, la nation juive"...) qui dans l'Empire tsariste puis l'URSS présentait elle aussi cette caractéristique d'absence de territoire défini précis, d'éparpillement dans une multitudes de quartiers urbains ou de villages (shtetl) sur un vaste territoire de la Baltique à la Mer Noire, c'était bien entendu les Juifs de langue yiddish.

    Voyons ce qu'a signifié, pour un certain temps, l'expérience révolutionnaire soviétique pour leurs communautés :

    "L’émancipation, en faisant tomber les murs du ghetto, en donnant aux juifs le sens de la dignité, le sentiment d’égalité, a permis l’épanouissement d'une culture nationale nouvelle, jeune et vigoureuse. Des écoles, des journaux, des théâtres juifs, des coopératives artisanales et agricoles, surgissent dans toute la Russie occidentale. C’est ainsi que les écoles ayant pour langue d’enseignement le yiddish englobent, en 1930, 60 % des enfants juifs d’Ukraine et de Biélorussie. Il existe seize théâtres juifs, trois quotidiens, le tirage des publications en yiddish atteint un million cent trente-cinq mille exemplaires. Des conseils nationaux juifs se multiplient : ils sont vingt-sept en 1932 en Biélorussie, cent soixante en Ukraine. Des sections juives se forment auprès des organisations du Parti, des ministères, des institutions culturelles, etc."

    Certes, c'est un fait documenté, cette situation connaîtra un "backlash" re-centralisateur et assimilationniste à partir de l'époque des Grandes Purges (seconde moitié des années 30), qui comme l'explique bien Grover Furr (Furr-Staline-Khrouchtchev.pdf - Staline et la lutte pour la réforme démocratique.pdf) marquent le début de la contre-révolution "rampante" de la nouvelle bourgeoisie bureaucratique qui triomphera après le XXe Congrès (1956).

    Pour autant, dans la fidélité idéologique au grand Lénine (surtout ses positions de juste avant la Révolution, et bien sûr sa PRATIQUE durant celle-ci), cette lumineuse expérience du Yiddishland des années 20 - début 30 peut et doit aussi nous servir d'inspiration.

    Mais le mieux serait bien sûr d'écouter les propositions des concerné-e-s eux/elles-mêmes.


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  • Les Gilets Jaunes, qu'ils en aient conscience ou pas (et certes, il FAUT qu'ils en prennent rapidement conscience), sont bel et bien un réveil et une LUTTE DE LIBÉRATION des territoires populaires contre l’État français tel qu'il est, à savoir l'"empire" d'une capitale, Paris, qui concentre la richesse https://ekladata.com/v1vXdc1v5Sp0RjVrj1i_oPknwLc.jpg ou encore la culture http://ekladata.com/lIxIYrDzn3bqOJ1B-NWkGnf-bas@500x889.png comme pratiquement nulle part ailleurs en Europe ; et est le siège d'un appareil technocratique qui règne par oukases au service de cette concentration financière, elle-même intégrée/soumise à la Finance occidentale mondialisée.

    Les Gilets Jaunes, qu'ils soient de Provence, d'Auvergne, de Saint-Dizier ou de la vallée de la Somme, veulent purement et simplement VIVRE, TRAVAILLER et (surtout) DÉCIDER AU PAYS (le territoire populaire où ils vivent et travaillent) ; et ceci n'a de perspective politique que celle que nous proposons ici : en finir tant avec "l'Europe" qu'avec l’État parisien (ou autre) que nous connaissons, "enclos à bétail" à faire suer et tondre autour d'un ou quelques Centres financiers (sans parler de la "mondialisation" autour de Wall Street) ; et les remplacer, sur notre continent comme sur les autres, par une GRANDE CONFÉDÉRATION DE RÉPUBLIQUES DÉMOCRATIQUES SOUVERAINES ET ANTICAPITALISTES.


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  • http://ekladata.com/58gznq-NaxFWCP9wZ4aGOT_Z2V8/KHYLYA-HEMOUR_Andrea_M2R_Linguistique.pdf

    Une très intéressante étude sur la politique linguistique de l'Union soviétique ; qui doit (dans ses fondements originels en tout cas) nous servir de MODÈLE pour que l'édification du socialisme en Europe se fasse DANS LES LANGUES DES OUVRIERS ET DES PAYSANS (ainsi que parlait Marcel Cachin du breton) ; et lorsque celles-ci, sous les coups de l'uniformisation bourgeoise, sont malheureusement mal en point, les sauver d'une disparition certaine, car patrimoine social et culturel de l'humanité, elles ne valent pas moins que les baleines (patrimoine naturel) ou la toiture de Notre Dame qui a tant ému en 2019 (patrimoine architectural-artistique) face au rouleau compresseur utilitariste du Capital...

    Ainsi la politique soviétique a-t-elle certainement empêché la disparition complète de l'ukrainien (problème des langues trop proches de la langue dominante, comme l'arpitan ici), et sans doute de bon nombre de langues indigènes sibériennes.

    L'étude montre certes une inflexion vers la "russification" à partir du milieu des années 30, signe (comme à partir du second semestre 1793 pendant la Révolution française) de la prise de poids dans l'appareil des futurs "thermidoriens" khrouchtchéviens, qui prendront totalement le pouvoir dans les années 50 et poursuivront à fond cette politique.

    Néanmoins, on pourra observer avec admiration les modalités et les résultats d'une politique guidée par les principes socialistes et authentiquement démocratiques du grand Lénine :

    "La social-démocratie qui lutte pour un régime d’État démocratique conséquent réclame une égalité en droits absolue des nationalités et combat tous privilèges, quels qu'ils soient, favorisant une ou plusieurs nationalités. En particulier, la social-démocratie rejette la langue «officielle» . Celle-ci est spécialement superflue en Russie, car plus des sept dixièmes de sa population appartiennent à la famille des peuples slaves, qui, s'il existait un enseignement libre dans un État libre, parviendraient sans difficulté, en raison des exigences de la circulation économique, à se comprendre sans qu'il existe aucun privilège «officiel» en faveur de l'une des langues."

    [En France :

    "Comment les langues du peuple ont été rendues illégitimes

    En juin 1794, on ne parle exclusivement le français que dans 15 départements sur 83. Il a donc fallu une volonté politique implacable pour l’imposer dans toute la France. Mais en éradiquant quasiment l’usage des langues régionales, c’est une part du patrimoine culturel qui a été effacée.

    Faire comme si deux langues ne pouvaient pas cohabiter a constitué le fondement de la politique linguistique en France depuis la Révolution. L’Ancien Régime refusant l’accès des classes subalternes à l’instruction au motif que cela créerait des déclassés et mettrait en péril l’ordre social, l’acquisition du français – celui des élites – devint une sorte de bastille à prendre, de sésame pour avoir droit à la parole.

    La Révolution de 1789 est une révolution bourgeoise, et les républiques qui l’ont suivie le sont tout autant. Ainsi, c’est la multiplication, dans le Sud-Ouest, au printemps 1790, de révoltes paysannes dont les autorités locales affirment qu’elles n’ont pu les empêcher du fait que les émeutiers ne comprennent pas le français qui amène l’abbé Grégoire, prêtre rallié au Tiers État et devenu député de la Convention, à préparer un « Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir le “patois” et d’universaliser l’usage de la langue française » [voir aussi, dans la même veine, le discours de Barère de Vieuzac].

    Supprimer le « patois », c’est ôter un écran entre les masses et la parole normative des nouveaux maîtres. Non sans naïveté, ceux-ci se disent : quand ils parleront comme nous, ils penseront comme nous et ne bougeront que dans les limites que nous leur aurons fixées.

    Les langues autres que le français n’ont jamais été ressenties comme une menace pour l’unité territoriale de la France. Ce qui est en jeu est fondamentalement d’ordre social. Et ce n’est pas la peur mais un grand mépris qui accompagne l’illégitimation de toute pratique langagière non conforme à celle des dominants.

    Les historiens bourgeois ont assez tôt mis au point un discours sur l’histoire nationale qui réintégrait dans une continuité, depuis les temps les plus anciens, l’ensemble des faits qui se sont déroulés sur le territoire de la France, relativisant d’autant l’importance de la rupture révolutionnaire. Cela permet d’ailleurs, encore aujourd’hui, à certains de saluer l’ordonnance de Villers-Cotterêts édictée par François Ier en 1539 comme fondement de la politique républicaine en matière de langue. Ce travail sur l’histoire avait une fonction politique bien précise : il devait servir de base à une réconciliation entre la France d’avant 1789 et celle d’après, sous la direction idéologique d’une bourgeoisie se présentant comme la dépositaire de la totalité de l’héritage historique et culturel français. Il permettait ainsi le ralliement de la plus grande partie des monarchistes puis des catholiques à la République.

    Cependant, pour tous ces ralliés tardifs, l’appartenance à la communauté nationale n’est pas fondée sur l’adhésion aux valeurs abstraites de liberté, égalité, fraternité mais sur le culte d’une entité présentée comme éternelle et charnelle. Elle n’est pas fondée sur le choix en conscience d’un projet d’avenir pour la société, mais sur un acte de foi impliquant de la part de quiconque est porteur d’une autre mémoire et d’une autre parole que celle de la nation, qu’elle soit provinciale ou étrangère, le sacrifice de cette mémoire et de cette parole. D’où le culte du français comme langue unique et mystique, et la nécessité du reniement de tout ce qui lui est étranger.

    Depuis le XIXe siècle, le mouvement ouvrier, quant à lui, est passé à côté d’une réflexion sur la culture intégrant la dimension de classe de la question linguistique. Pour les militants syndicalistes, socialistes, anarchistes, communistes, d’accord sur ce point à de rares exceptions près, il allait de soi que la seule politique culturelle qu’il convenait de mener au bénéfice des classes populaires était de leur ouvrir l’accès à la culture des élites sans la critiquer, sans se poser la question des valeurs véhiculées. Et sans admettre que les cultures des classes subalternes pouvaient être porteuses de valeurs progressistes. Or, se référer à la République impose de garder à l’esprit ses contradictions. L’école de Jules Ferry donne le savoir au peuple, mais un savoir partiel, sans commune mesure avec celui réservé aux enfants des classes dominantes. La République chante le progrès social, mais elle fait tirer sur les ouvriers en grève. Elle est humaniste, mais elle mène une politique coloniale agressive et nie la culture des peuples dominés.

    Le français a été au cours des siècles le véhicule des discours les plus progressistes comme des plus régressifs. Il en va de même pour toutes les autres langues. L’enjeu aujourd’hui est de faire circuler au maximum les éléments de connaissance de la diversité culturelle française, d’abord pour restituer aux cultures qui en sont partie prenante le respect dont elles ont été privées. Ensuite parce que l’éducation à l’acceptation de la diversité, dans les sociétés plurielles du siècle qui commence, doit être une priorité absolue. Les langues de France ont été, à leur façon, le laboratoire où se sont élaborées les convictions simples qui ont mené à la négation des cultures des peuples colonisés. Elles peuvent avoir leur place dans le laboratoire où se fabrique un fonctionnement culturel et idéologique de type nouveau, apte à répondre aux défis des temps qui viennent."


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  • En soi, la "Padanie" n'est pas une idée nécessairement absurde ni "réactionnaire".

    Comme la revendication catalane, elle participe, elle PART (dans son essence profonde), de la conscience populaire diffuse de la nécessité historique d'en finir avec les grands États bourgeois construits autour d'un Centre politico-financier d'accumulation capitaliste, et de les remplacer par de libres confédérations socialistes de peuples politiquement et économiquement repossédés de leur souveraineté au quotidien.

    Et comme encore en Catalogne, il n'y a pas de "gnagna égoïsme de riches" (ou plutôt de "moins pauvres") qui tienne : le socialisme a pour objectif d'ÉRADIQUER les causes STRUCTURELLES du sous-développement de telle ou telle région de tel État (Andalousie, Mezzogiorno), et non de déshabiller Pierre le moins pauvre pour habiller (un peu) Paul le très très pauvre et acheter ainsi la paix sociale...

    Après, c'est certes une construction "nationale" assez artificielle ; qui tend à nier la multiplicité des cultures populaires et des sentiments d'appartenance réels (piémontais, valdôtain, lombard, vénète et frioulan, "valadin" occitan etc.) qui la composent ; un peu comme selon moi (mes excuses d'avance à ceux qui y sont attachés) le concept d'Occitanie : premier problème...

    Et ça, + l'hégémonie rapidement prise par des conceptions bourgeoises, droitardes, souvent inspirées par la pensée libertarienne (et aussi, tout simplement, des "infiltrés" néofascistes de toujours comme Mario Borghezio) ; surfant en outre sur le vieux et violent tribalisme chauvin qui imprègne historiquement, depuis la sanglante "pacification" du Royaume de Naples (1860-1890 http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/il-y-a-110-ans-mourrait-le-brigand-carmine-crocco-un-texte-lumineux-d--a117988382), le Nord et le dresse contre le Sud (et réciproquement) pour le plus grand profit de l'oligarchie financière au pouvoir ; est ce qui a finalement conduit le mouvement à ce qu'il est aujourd'hui et ne pouvait QUE DEVENIR : en l'espace de moins d'un quart de siècle, on est passé d'une bruyante "commedia dell'arte" sécessionniste (contre l'avis, fédéraliste et respectueux des identités régionales réelles, des fondateurs venus du marxisme-léninisme comme le piémontais Gremmo https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Roberto_Gremmo) à un parti néofasciste, nationaliste et xénophobe... 100% ITALIEN.

    Vous aurez reconnu la Ligue (désormais même plus "du Nord") de Matteo Salvini, qui a exercé une grosse année le pouvoir à Rome en 2018-2019.

    Car il n'est tout simplement pas possible de prétendre à une "rupture" avec l'ordre existant, tout en restant totalement engoncé dans les fondements mêmes du "système" que l'on dénonce : capitalisme, chauvinisme national, suprématisme racial impérialiste...


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  • Mirsayid Sultan Galiev est un personnage de l'histoire soviétique auquel je dirais que j'ai un rapport ambivalent, d'"unité et lutte", de sympathie et à la fois de critique.Déjà, il faut rappeler en préambule qu'il était un militant et intellectuel révolutionnaire relativement JEUNE : l'essentiel de son activisme, qui lui a valu sa condamnation par le jeune pouvoir soviétique, s'est déroulé entre ses 30 et 35 ans. À la même époque, Lénine mourait à l'âge de 54 ans et Staline accédait au pouvoir à pratiquement 45, si cela permet de situer.
    Attaché comme - disons-le sans détour - tout révolutionnaire doit l'être à son peuple et à sa culture ; il a clairement soulevé des questions de toute première importance, auxquelles la direction soviétique, comme c'était malheureusement trop souvent son habitude, a tendu à répondre par l'anathème et la répression, plutôt que par le développement d'une véritable contre-argumentation politique face aux réponses éventuellement erronées qu'il y apportait.
    Il faut signaler aussi que tant que Lénine, dont les positions sur la question nationale (en particulier de 1915-16 jusqu'à ses derniers écrits avant sa mort) sont notre socle théorique absolu en la matière, était en vie, il bénéficiait d'une relative bienveillance et protection de sa part : dont acte.
    Après, de ce que j'ai pu en lire ; car une réalité aussi est qu'il a laissé relativement peu d'écrits, et pour la plupart disponibles uniquement en russe ou en turc ; ses thèses restaient tout de même relativement peu "cousues", on va dire, même si elles pouvaient effectivement parfois préfigurer ce qui deviendra la conception marxiste-léniniste "de base" du "front uni" de 4 classes (ouvriers, paysans, petite bourgeoisie et éléments progressistes de la moyenne bourgeoisie nationale) dans la lutte anticoloniale et anti-impérialiste. On dira ; comme d'ailleurs lui-même l'affirme dans son "audition" par le GPU en 1928 ; qu'elles étaient largement "en élaboration" et n'ont jamais pu être consolidées et parachevées.
    J'ai pu trouver quelques textes en anglais ici : https://cosmonaut.blog/tag/sultan-galiev/ ; en dehors de la sentence de son dernier procès le condamnant à mort en 1939, qui ne présente pas un grand intérêt, la retranscription de son "audition" par le GPU en 1928, et un texte théorique de sa main saisi par le NKVD lors d'une ultérieure arrestation, donnent un aperçu assez éclairant de sa pensée.
    Il y a comme je l'ai déjà dit des choses très sensées et de vraies questions soulevées ; quant aux problématiques que devait évidemment soulever la transformation "en bloc" d'un Empire colonial, l'Empire tsariste, en Union de républiques socialistes, dans les rapports économiques et sociaux entre les peuples, et politiques entre les avant-gardes de ces peuples...
    C'est notamment, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, par rapport à ce type de problématiques que je prône une Union soviétique (ou à la rigueur un Comecon) D'EUROPE et que je ne suis personnellement pas favorable, lorsque des camarades le proposent, à une Union d'"Europe et Méditerranée" (avec l'Afrique du Nord, le Proche-Orient etc.) par exemple.
    Peut-être effectivement (ça m'a déjà traversé l'esprit) que, de même que la Mongolie après sa révolution de 1921 est devenue et toujours restée une république populaire INDÉPENDANTE (non membre de l'URSS), il aurait peut-être dû en être de même avec l'Asie centrale voire le Caucase, sous forme de républiques ou unions de républiques soviétiques alliées mais indépendantes de l'Union slave ; ou en tout cas que leur souveraineté sur leur propre gestion, la défense de leur réalité nationale et la korenizatsiya ("indigénisation") de leurs directions politiques (politique qui a effectivement existé jusqu'au milieu voire à la fin des années 30) auraient pu et dû être mieux garanties au sein de l'Union, etc.
    Je ne comprends pas très bien, en revanche, le concept de "dictature des colonies sur les métropoles" ; et d'ailleurs lui-même rapporte (dans son interrogatoire par le GPU) que tous les dirigeants communistes tatars avec qui il s'en est entretenu (Validov, Budayli, Mukhtarov), et qui pour certains avaient déjà ou auront par la suite des démêlées avec la direction soviétique pour "nationalisme bourgeois", ont globalement rejeté ce point de ses thèses.
    Point qui semble en effet reposer sur une certaine confusion conceptuelle : LUTTE de libération des colonies contre les métropoles qui les oppriment, oui bien sûr, mille fois oui, et l'histoire depuis l'époque en a offert 100 exemples ; mais la DICTATURE en revanche est quelque chose qu'il semble difficile de concevoir hors d'une MÊME UNITÉ POLITIQUE...
    Si bien que de deux (ou plutôt trois) choses l'une :
    - soit il envisageait, de manière assez utopique, un État socialiste MONDIAL ; dans lequel donc s'exercerait cette dictature des peuples anciennement colonisés sur les anciennes métropoles impérialistes : cette idée, présente y compris dans des écrits pré-révolutionnaires de Lénine, de révolution mondiale submergeant rapidement toute la planète avait pourtant largement été abandonnée, devant l'évidence des faits, dans les années 20 ;
    - soit... il ne souhaitait PAS l'indépendance des colonies et autres nations opprimées, le démantèlement des Empires coloniaux et grands États oppresseurs ; mais leur maintien, pour que puisse s'y exercer, dans une sorte d'"inversion des rôles", cette dictature ;
    - soit, troisième possibilité, il avait une compréhension passablement confuse et erronée de la notion marxiste de dictature.
    De fait, quoi qu'il en soit, cette conception que lui seul (encore une fois) semble avoir défendue en son temps peut sembler préfigurer le "maximalisme" de type "postmoderne" sur les questions anti-impérialistes/coloniales/raciales, que l'on peut parfois rencontrer aujourd'hui ; faisant non pas des seules BOURGEOISIES (et, rappelons-le, de leurs valets/collabos dans les pays dominés) mais des PEUPLES des métropoles impérialistes dans leur entier, y compris les communistes et révolutionnaires, des ennemis "ultimes" et inconciliables jusqu'au bout dans une sorte de "lutte mondiale des nations" ; et non des masses aliénées par des siècles de chauvinisme impérial institutionnel (oui, 100 fois oui) auxquelles il faut "botter le derrière" PAR LA LUTTE (en effet, oui !) des peuples opprimés, pour les ÉDUQUER POLITIQUEMENT (et ce, Y COMPRIS en effet la majeure partie des "gauches" et même des communistes, c'est un fait tout comme était un fait, d'autant moins contestable qu'il était reconnu et dénoncé par Lénine lui-même, le comportement colonial-"civilisateur" de beaucoup de bolchéviks russes dans les républiques "allogènes") et les "pousser" dans le sens d'une lutte COMMUNE des peuples contre la dictature mondiale des monopoles financiers (impérialistes), au lieu d'être les petits soldats "heureux" (dans leur illusoire "privilège") de la domination de ces monopoles sur les peuples colonisés.
    C'est évidemment la seconde conception, je l'assume, qui est la mienne, et globalement celle de tous les communistes conséquents et non sociaux-chauvins (ces derniers étant hélas nombreux, c'est vrai). Celle de Sultan Galiev ne se plaçait pas vraiment, si l'on veut employer une terminologie PIRienne, dans une perspective finale d'"amour révolutionnaire des beaufs et des barbares".
    Même la conception du maréchal Lin Piao (que j'ai tendance à défendre personnellement, comme grand révolutionnaire et anti-impérialiste), faisant de la révolution à l'échelle mondiale un "décalque" de ce qu'il s'était passé en Chine, les pays dominés du Sud global étant les "campagnes mondiales" qui doivent encercler les "villes"-métropoles impérialistes, ne revenait nullement à dire qu'il n'y avait pas dans ces métropoles (comme dans les villes chinoises) un prolétariat qui une fois "encerclées" devait y mener une révolution contre la bourgeoisie, mais qu'elles devaient au contraire être écrasées "en bloc" par la révolution des peuples dominés.
    D'autres conceptions, et bonnes questions soulevées par Sultan Galiev se retrouveront par contre, c'est un fait, dans le marxisme-léninisme "perfectionné" ultérieur, après la Seconde Guerre mondiale, en particulier dans le contexte des luttes de libération anticoloniales/anti-impérialistes et notamment dans les pays musulman. Il dit d'ailleurs lui-même (encore dans sa "déposition" au GPU) que déjà à son époque, il avait pu parfois avoir l'impression que le Parti évoluait finalement vers ses positions, et se demander alors si son combat avait encore un sens (et c'était effectivement le cas, montrant que le Parti soviétique n'était absolument pas un "monolithe" comme le prétend la propagande bourgeoise, mais était au contraire TRAVERSÉ de lignes contradictoires sur des questions comme celle-là - c'est à dire en définitive, la question de savoir si l'URSS devait d'abord rechercher l'appui des classes ouvrières occidentales, ou au contraire des peuples colonisés ; de QUI de ceux-ci ou celles-là étaient la VRAIE FORCE MOTRICE essentielle pour "pousser" le reste de l'humanité vers la révolution planétaire).
    Cela aurait alors été, plutôt que son engagement "vif" dans ce débat, son attitude "fantasque" et "fractionniste" (agissant beaucoup "dans le dos" du Parti, y compris des cadres tatars eux-mêmes) qui lui était réellement reprochée ? À voir...
    Après cette arrestation de 1928, condamné à mort en 1930 mais cette peine finalement commuée en emprisonnement (preuve encore une fois, sans doute, des lourdes contradictions qui traversaient la direction soviétique sur son "cas") ; libéré, sans être pour autant réhabilité ni réintégré en 1934 ; la psychose qui s'empare jusqu'au plus haut niveau de l'appareil à l'approche de la guerre d'extermination que Hitler a promis à la Patrie du Socialisme, vis-à-vis des "complots" oppositionnels et aussi des "nationalismes bourgeois" qui pourraient lui servir de "5e colonne", conduit à nouveau à son arrestation en 1938 ou 39, sa condamnation et cette fois son exécution au début de 1940 (cette relative certitude sur son sort n'existe que depuis l'ouverture des archives du NKVD dans les années 90, la plus grande incertitude régnait auparavant, certains affirmant même qu'il était toujours vivant, relégué au rang de simple citoyen, dans les années 50).
    Il fait aujourd'hui relativement consensus, parmi les marxistes-léninistes opposés au "rapport" Khrouchtchev et au révisionnisme subséquent, notamment sur la base des écrits de Mao et des communistes chinois sur l'épisode, qu'un très grand nombre de personnes exécutées ou déportées et mortes au goulag à cette époque n'auraient jamais dû l'être. Même Grover Furr et son principal inspirateur l'historien russe Youri Joukov ne défendent pas l'idée que des centaines de milliers de personnes étaient effectivement coupables de crimes méritant la mort ; tâchant simplement de réduire au maximum la responsabilité de Staline et son cercle le plus proche dans l'affaire, voire de faire d'une volonté de démocratisation du régime de leur part la victime de la manœuvre (sujet qui mérite d'être creusé, mais ce sera pour une autre fois*).
    Il est même largement, bien qu'implicitement admis que cette période dite des "Grandes Purges" ou "Grande Terreur" ("Prairial soviétique" en quelque sorte) a été la "forge" de pratiquement tout l'appareil du Thermidor khrouchtchévien qui allait triompher dans les années 1950 ; en mettant en quelque sorte "la balle dans la nuque", le "plus zélé chasseur d'ennemis du peuple" "au poste de commandement", au lieu de la recherche de la ligne révolutionnaire la plus juste sur les contradictions qui pouvaient traverser l'expérience socialiste.
    Mais il ne fait malheureusement aucun doute que le programme d'une "dictature" des peuples périphériques ex-colonisés SUR LE PEUPLE, communistes compris, de la métropole russe n'ait pu être reçu par ces derniers ; notamment tous ces secrétaires locaux et régionaux du Parti dont parlent Furr et Joukov, mais pas seulement ; qu'avec un effroi qui, combiné avec celui du "tiers d'exterminés, tiers réduit en esclavage et tiers aryanisé" promis aux Slaves par Hitler (Generalplan Ost), ne pouvait pas vraiment jouer en sa faveur et guère que conduire à ce tragique dénouement.

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  • C'est un fait qu'aujourd'hui, les tenants "souverainistes" de l'État français comprennent en quelque sorte "leur douleur" devant l'hégémonie mondiale du monde anglo-saxon et de ses Centres financiers, à commencer par Manhattan ; une France "provincialisée" à l'échelle planétaire, Paris relégué au rang de Centre de plus en plus secondaire...

    Une hégémonie qui se joue évidemment aussi sur le plan linguistique (anglais langue véhiculaire mondiale, bon niveau requis pour accéder à une bonne situation sociale) et culturel (toute la "culture de consommation de masse" sur la planète est largement calquée sur l'american way of life).

    Ceci étant, je ne crois pas non plus que Washington ou Londres aient encore décrété mondialement qu'il était "interdit de parler français (ou autre) et de cracher par terre"... Ni en aient (à brève échéance) l'intention.

    Donc c'est bien beau, tous les souveraineux, de chouiner "la Fraaaance môssieur !" ; mais voilà.

    (Ici bien sûr cette publication n'est pas "souverainiste", mais régionaliste et déplore - à juste titre - l'investissement éducatif "sans problème" dans l'anglais "langue internationale" tandis qu'enseigner même facultativement les langues historiques du peuple des territoires concernés - souvent parlées couramment jusqu'à la dernière guerre voire au delà - est la croix et la bannière : cela, les hérauts du "français, môssieur !" contre le "tout anglais" n'en parlent jamais et concrètement s'en contrefoutent.

    De fait, pour voir un peu le caractère SOCIAL, le MÉPRIS DU PEUPLE qu'il y a dans tout ça - et pas seulement le fait que "ça sert à rien" - il suffit de voir comment une langue aussi internationale que l'ARABE, parlé par des centaines de millions de personnes dans le monde, avec lesquelles les échanges économiques sont quotidiens, n'est PRATIQUEMENT PAS ENSEIGNÉE même dans les territoires où habitent des milliers de personnes d'origine qui pourraient y voir un intérêt... tout simplement parce que c'est une langue de masses populaires "dangereuses", telles qu'étaient vues les nôtres à l'époque de leur Grande Disparition, au 20e siècle*.)

    (* D'ailleurs je viens de voir, avec le projet de loi sur le "séparatisme" ça va même au delà de ça maintenant : "À partir de la rentrée de septembre 2020, les enseignements en langues et culture d’origine étrangère seront partout supprimés sur le sol de la République", dixit Macrotte himself !

    Il s'agit là des enseignements de langues et cultures d'origine (Elco) dispensés par des enseignants issus de 9 pays : Algérie, Croatie, Espagne, Italie, Maroc, Portugal, Serbie, Tunisie et Turquie ; et concernant environ 80 000 élèves par an)

     

    https://www.facebook.com/ObjectifAlsace/posts/1022372448183385


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  • Ici, le séparatisme est entendu moins au sens territorial (même s'il peut se concrétiser dans la soustraction de territoires à l'autorité centrale de l'Etat) qu'au sens "moral", idéologique et politique : le refus des valeurs de "la Républiiiiique".
    Et oui en effet, nous l'assumons ci-devant : nous sommes nombreux, et pas seulement les colonisés-intérieurs d'origine extra-européenne, en particulier les musulmans, visés en premier lieu par ce discours, à être "séparatistes" ; c'est à dire à placer nos VALEURS POPULAIRES, aussi perfectibles soient-elles (l'histoire est toujours en mouvement, les sociétés évoluent), au-dessus des "valeurs" de la "Républiiiiique" bourgeoise, religion hypocrite aux grands prêtres ploutocrates financiers (ou intellectuels salonards à leur service).
    Oui, les "territoires perdus" où se concentrent les prolétaires issus de l'Empire ex- (et néo-) colonial font sécession autour de leurs propres valeurs "communautaristes" de solidarité et de vivre ensemble, contre les sermons des "missionnaires civilisateurs" de la "Républiiiique", accompagnateurs de leur gestion coloniale par la BAC.
    Oui, les Gilets Jaunes sont au fond et en réalité une "guerre d'indépendance" des travailleurs des territoires relégués contre les décisions d'une technocratie basée à Paris (à des centaines de kilomètres de chez eux parfois), au service des intérêts de la Finance : ces travailleurs veulent vivre et travailler dignement au pays, et y avoir au quotidien voix au chapitre des décisions qui régentent leurs existences.
    Oui, à la périphérie de l'Hexagone, au Pays Basque ou en Corse, des parties de plus en plus importantes des peuples veulent leur indépendance nationale, ou du moins une très large autonomie.
    Oui, tous autant que nous sommes, nous sommes en ce sens fièrement "séparatistes", "en sécession" d'avec la volonté d'une caste faite loi, et les appels à la prosternation devant ses "valeurs" ; en rupture toujours grandissante avec cette aliénation des esprits.
    Tout cela c'est l'expression, les symptômes du problème. Il y a "séparatisme" en politique comme il y a hérésie et schisme en religion : à partir du moment où beaucoup de monde a compris que les belles "valeurs" prônées au sommet ne sont que du vent, du pipeau et de la flûte, enrobant des intérêts de caste, de pouvoir et d'argent.
    LA SOLUTION, c'est d'EN FINIR une fois pour toute avec cette "Républiiiique" d'une aristocratie financière qui a simplement remplacé l'aristocratie de "sang bleu" voilà deux siècles ; qui ne cherche même plus, ces derniers jours avec Macron, à revendiquer une quelconque filiation avec celle de 1792, mais uniquement et directement avec celle de 1870, des sabreurs de la Commune de Paris et des autres en province ; et qui n'a plus une once de confiance des masses.
    Et ENFIN de la remplacer par une République de la Justice et du Travail, SOCIALISTE FÉDÉRATIVE de Peuples travailleurs REPOSSÉDÉS DE LEUR SOUVERAINETÉ ("soviets") sur leur travail, ses fruits et toute leur vie quotidienne, là où ils vivent et travaillent : "territoires perdus" "barbares" de banlieue ; territoires populaires "beaufs" périphériques relégués ; Corses et Basques et Bretons ; TOUS sans exception et tout cela dans une grande Fédération continentale de ces républiques.
     
    http://indigenes-republique.fr/rendons-a-cesaire-ce-qui-est-a-cesaire-et-aux-fachos-ce-qui-est-aux-fachos/

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  • Si on lit par exemple ce document ; il apparaît nettement que c'est décembre 1793 (frimaire an II) qui marque un point de rupture fondamental : l'écrasement (pas d'autre mot) de la "révolution provinciale", auquel ne manquera plus alors que celui de la révolution parisienne, consommé avec Thermidor...
    Les procureurs syndics départementaux, magistrats élus chargés de veiller à l'exécution des lois (sortes d'équivalents des sheriffs nord-américains), deviennent des fonctionnaires nommés ; les conseils généraux sont supprimés et les directoires (exécutifs des départements) voient leurs compétences sévèrement amputées ; etc. etc.
    La France républicaine abandonne alors définitivement la voie de devenir une "grande Suisse" démocratique et décentralisée, d'exercice local permanent de la souveraineté populaire...
     
    https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1986_num_101_1_3117
     
    [EN RÉALITÉ, et en synthèse de tout cela : Rousseau n'était pas suisse par hasard ; et cette démocratie radicale théorisée par lui, et appelée de leurs vœux par Robespierre et consorts (pour ceux qui étaient en cela sincères !), non seulement était très difficile à mettre en œuvre dans une économie capitaliste fondée sur l'exploitation du travail d'autrui, mais n'était tout simplement PAS POSSIBLE en prenant tel quel l'État EMPIRE PARISIEN légué par l'Ancien Régime et en le rendant "démocratique" par la magie du suffrage universel, ce qui suffirait supposément à "régler" tous les problèmes. Les deux choses étaient incompatibles, et cette idée vouée d'avance à conduire à Thermidor puis à Napoléon Bonaparte.
    Seule une refonte totale de cet ensemble territorial héritage monarchique, vers une fédération de démocraties locales vivantes et fortes ne laissant aux mains du pouvoir "national" que ce qu'elles ne pouvaient assumer seules, pouvait dans une certaine mesure permettre cette démocratie "idéale" rousseauiste.
    C'est ce qui pouvait exister en pratique dans la France des bataillons fédérés abolissant la monarchie en août-septembre 1792, comme le rappellera très justement Engels presque un siècle plus tard ; on peut en retrouver l'idée dans certains passages de la jamais appliquée Constitution de 1793 ; mais tout ceci sera dès l'été de cette même année progressivement "repris en main", aidé en cela par le fait que beaucoup de ceux qui le prônaient (les fameux "fédéralistes" ou "Girondins") étaient nettement plus "à droite" sur la question de l'égalité sociale, rêvant parfois (au fond d'eux-mêmes) de restreindre le suffrage universel vers un système plus censitaire et oligarchique, ainsi qu'hésitants et incapables de mener correctement une guerre aux tyrans d'Europe qu'ils avaient pourtant voulue à outrance...
    Tout ceci permettra finalement, au premier semestre 1794, le triomphe d'un mélange de vision sociale "avancée" et de centralisme parisien "un et indivisible" non-viable sous la forme démocratique et égalitaire prônée ; formule politique presque immédiatement renversée par le coup d'État thermidorien de la nouvelle "aristocratie d'argent" qui règne encore à ce jour.
    La Suisse, de son côté, a évidemment elle aussi dégénéré dans la pourriture réactionnaire de par son économie qui n'a jamais cessé d'être capitaliste ; particulièrement financiarisée, en outre, depuis qu'elle s'est installée et "protégée" dans le rôle de "coffre-fort de la planète". Néanmoins elle était encore, au début du 20e siècle, vue par Lénine (qui y a longuement vécu comme réfugié politique) ou Staline comme un modèle de démocratie relativement "indépassable" en régime capitaliste (ainsi, dans la Question Nationale de Staline : "la Suisse, pays dont le haut démocratisme, bien que bourgeois, permet aux nationalités de vivre librement, qu’elles représentent la minorité ou la majorité, peu importe"...).
    Ne devrions-nous pas, dès lors, nous battre pour un Hexagone (et pourquoi pas une Europe, et de même sur tous les continents) qui serait une grande Suisse rouge ?]
     
    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/annexe-a-l-etude-en-finir-avec-la-france-quelques-verites-sur-la-grand-a148889474
     

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  • "Lo Grand" (le grand, prononcer "lou", en langue d'òc) ; ou encore le "Tito du Limousin", région libérée par ses propres forces partisanes au prix de terribles massacres (Oradour, pendaisons de Tulle).
    Avec, comme malheureusement souvent, l'oubli de cette autre citation fameuse du personnage : "Que les Limousins, les Occitans, refusant le miroir déformant qu'on leur offre, retrouvent leur patrimoine historique !" - discours au Vigen (Haute-Vienne, Limousin), 1982
    Comme une réponse, en paroles 40 ans plus tard, mais déjà EN ACTES à l'époque, à ces mots du pétainiste Céline : "Zone Sud (Midi d'òc), peuplée de bâtards méditerranéens, de narbonoïdes dégénérés, nervis, félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié".
    Vive le Limousin, vive les Terres d'Òc libres et socialistes, dans une grande République socialiste fédérative d'Hexagone !!
     
    "Il y a 80 ans, jour pour jour le 26 juillet 1940 : le légendaire Georges Guingouin, premier maquisard de France, publie son premier tract appelant à la résistance armée face aux Allemands 
    Fils d’un militaire tué en 1914 et d’une mère directrice d’école primaire Georges Guingoin est instituteur et secrétaire de mairie dans le petit village de Saint-Gilles-les-Forêts aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Depuis 1935 il est militant communiste, admire l’Union Soviétique et Victor Hugo et s’intéresse particulièrement aux thèses du communisme rural.
    Mobilisé en 1939, blessé le 17 juin 1940, hospitalisé, il quitte volontairement les lieux pour éviter d'être capturé et rentre à Saint-Gilles-les-Forêts par ses propres moyens. Guingouin avait pris soin de préparer les conditions d’une reprise de son action politique en cachant dans la grange d’un ami une machine à écrire, la ronéo du Parti, de l'encre et duSon appel à la résistance désobéit aux consignes d’attentisme du Parti Communiste lié par le Pacte Germano-Soviétique, Evoquant "la dictature fasciste" du régime de Pétain à Vichy il décrit "des misérables qui, non contents d'avoir couvert leurs mains du sang de nos soldats … pourront sans crainte, tout à leur aise, détruire les dernières libertés du peuple de France, établir le régime de l'obscurantisme et du mensonge." (...) Derrière Pétain, vieillard revenu en enfance, incapable de présider l’Assemblée Nationale, incapable de lire son discours au micro annonçant qu'il est le chef de l'Etat. C'est le sinistre aventurier Laval. C'est la clique des assassins fascistes s'apprêtant avec l'aide de Hitler à exploiter honteusement le peuple de France »
    il faut préciser que le village de Guingouin se situe en Zone libre et qu’il aurait pu faire alors comme tout le monde : attendre que ça passe
    Mieux, il décide de ne pas diffuser le bulletin "La Vie du Parti" de septembre 1940 qui déclare : "Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands. Nous sommes contre de Gaulle et le clan capitaliste dont les intérêts sont liés à Vichy".
    En janvier 1941 il publie le premier numéro du journal clandestin "Le Travailleur limousin". S’abstenant volontairement de toute attaque contre de Gaulle et le Royaume-Uni, s'écartant ainsi un peu plus de la ligne officielle du Parti communiste. Un mois plus tard, il prend le maquis en Corrèze : C’est le tout premier maquisard.
    A la tête d'un premier groupe de résistants, Georges Guingouin organise une "récupération" à main armée de cartes d'alimentation en cambriolant la mairie de Saint-Gilles-les-Forêts. Cela lui vaudra d'être condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité et d’être pourchassé par la police de Vichy. Il baptise ses premiers groupes armés de "Francs-Tireurs et Partisans" (FTP) et crée "la Brigade de marche limousine". Il va alors multiplier les actions de sabotage.
    Le Parti Communiste lui reproche de s’entêter à développer une résistance armée dans les campagnes plutôt que dans les villes et vont envoyé un tueur infiltré dans le Maquis pour le liquider, en vain. Son engagement précoce embarrassait fortement le Parti...
    Surnommé le "Préfet du Maquis" par les Limousins, Guingouin tient les campagnes et harcèle les soldats Allemands après l’invasion de la Zone libre, au point qu’ils surnommeront la région de "petite Russie".
      En juillet 1944, après le Débarquement allié en Normandie, Guingouin mène pendant plusieurs jours l’une des très rares batailles conventionnelles victorieuses de la Résistance face à l’armée Allemande autour du Mont Gargan en Haute-Vienne. Ses troupes affrontent les Allemands en batailles rangées et...gagnent !
     Le 3 aout 1944, à la tête de 8 000 hommes, il encercle Limoges et libère la ville sans violence, en obtenant la reddition de l’officier allemand commandant la place. Au début du mois de juin, pour éviter une effusion de sang, il avait refusé une nouvelle fois les ordres du Parti Communiste lui intimant de prendre Limoges par la force. Quelque jours plus tôt, la Ville de Tulle vit ses libérateurs éphémères aux ordre du PCF pendus aux réverbères.
     Mais trop populaire, le libérateur de Limoges devient gênant. En mai 1945 Guingouin est élu maire de Limoges. Jusqu’en 1947 et sa défaite face à l'ancien maire socialiste Léon Betoulle il mène une politique sociale très volontariste dans les conditions difficiles de l’immédiat après-guerre et de la reconstruction. En 1949, il rédige un rapport critique contre l’attitude du Parti Communiste pendant le Guerre. Désavoué, il est exclu du Parti en novembre 1952.
     En 1953 il est la cible d’une cabale politico-judiciaire fomentée par des socialistes et d’anciens collaborateurs d’extrême droite. Il est incarcéré et battu quasiment à mort dans sa cellule.
     Il sera totalement blanchi par la justice en 1959 et l’arrivée de De Gaulle au pouvoir ulcèré de savoir ce héros patriote emprisonné. le Procureur déclarant même "ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait engagé des poursuites contre lui".
    « Réhabilité » par le PCF en 1998, il répondra sobrement que le communisme n’est pas un parti et qu’il ne voulait plus jamais être associé au Parti communiste.
     Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’Honneur, médaillé de la Résistance, King's Medal for Courage en Grande-Bretagne, Georges Guingouin se vit attribuer par le Général de Gaulle le titre de "premier Maquisard de France".
    Il repose enfin en paix dans le petit cimetière de Saint-Gilles-les-Forêt depuis 2005"

     
    "Le maquis mis en place par Georges Guingouin présente deux caractères originaux. Le premier est son enracinement dans le milieu rural. Dans une campagne qu’il connaît particulièrement bien, il bénéficie de protections et d’un soutien logistique permanent.
    En retour, son action est animée d’un souci constant de protéger les populations civiles et de défendre leurs intérêts. Le sabotage en décembre 1942 des botteleuses destinées au conditionnement du fourrage réquisitionné par l’occupant, la destruction l’année suivante des batteuses mobilisées par le gouvernement de Vichy pour les réquisitions de grains lui valent la reconnaissance et le soutien des agriculteurs de la région.
    C’est parmi eux qu’il recrute le gros de ses troupes, notamment ces « légaux » qui, tout en menant dans leur ferme ou leur village une vie « normale », lui fournissent une aide primordiale : renseignements, ravitaillement, matériel, parfois une participation ponctuelle à des opérations sur le terrain.
    L’autre originalité de ce maquis est son implication dans la vie économique et sociale de la région. Par des arrêtés placardés dans les villages et signés du « Préfet du maquis », il condamne le rationnement et les réquisitions, menace les spéculateurs, réprime le marché noir, mais aussi réglemente les barèmes agricoles, fixe les prix du blé, du fourrage, de la viande de porc…
    Le caractère politique de ces interventions est clairement affiché : à travers la défense des plus pauvres, la répression des abus, la référence constante à la justice sociale et à l’égalité des droits, la moralisation et le strict encadrement de l’économie, Georges Guingouin prépare l’après-guerre et jette les bases d’un « communisme rural » dont l’impact persistera dans le Limousin longtemps après la guerre."
     
      
    Sur la question de l'"infiltré" que le Parti aurait chargé de l'éliminer :
    "En septembre 1943, Georges Guingouin assure avoir démasqué un militant du PCF infiltré dans une de ses unités avec l’intention de l’assassiner. L’existence de ce personnage, un certain Pierre Lerouge, ancien des Brigades internationales, est clairement attestée par de nombreux témoignages, notamment des proches de Guingouin, mais le sens de sa mission n’est pas clairement établi. Michel Taubmann, auteur d’une enquête détaillée sur « l’affaire Guingouin » (21), adhère sans hésiter à la thèse de la tentative d’assassinat. Fabrice Grenard, plus réservé, croit davantage à une simple tentative de déstabilisation. Il doit cependant reconnaître que la question de son élimination physique a clairement été posée dans des réunions de la direction régionale du PCF, comme l’indiquent de nombreux témoignages de résistants et de responsables du Parti (22). Toutefois, il ne met en cause ni les responsabilités personnelles de Léon Mauvais et de Jacques Duclos, comme le fait Michel Taubmann (23), ni même globalement celle de la direction nationale du Parti, comme le fait Georges Guingouin lui-même (24)."
    [21 Michel Taubmann, op. cit., p. 91-95. Cet auteur met en cause également la direction du PCF dans un attentat commis contre Georges Guingouin le 20 novembre 1944, un grave accident dont il est victime suite au sabotage de sa voiture (Idem, p. 142-146).
    22 Fabrice Grenard, op. cit., p. 164-166.
    23 Michel Taubmann, op. cit., p. 92-95.
    24 Interview au journal L’Unité, n° 579, 16 novembre 1984.]
     
    "Des générations militantes postérieures l’ont érigé en modèle. Dans les décennies 1970-1980, le “Tito“ limousin séduit les partisans de l’autogestion, rallie les opposants aux appareils politiques stérilisants. Selon ses admirateurs, son action incorpore, sur fond d’éveil des consciences occitanes (l’Occitanie est un Tiers-monde, une colonie de l’intérieur) et de dépassement du communisme stalinien, le concept de “Guerre populaire“ maoïste (la conquête du pouvoir s’opérera au moyen de l’encerclement des villes par les campagnes) voire préfigurerait, par certains aspects, le “foquisme“ théorisé à partir de l’exemple cubain (les masses paysannes sont associées au soulèvement et c’est même parmi elles que naît le foyer, foco, révolutionnaire ; leurs dirigeants sont hostiles aux partis communistes bureaucratiques…)."

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