• Religions et révolution

    En fait voilà, si je veux résumer et synthétiser à l'extrême ma pensée sur ce sujet (LA MIENNE, ce n'est pas la ligne exclusive de ce groupe, vous avez le droit de ne pas être d'accord) :

    1/ La révolution, démocratique radicale (on va dire) d'abord et socialiste ensuite ; et les grandes religions révélées (christianisme, islam, bouddhisme, et même judaïsme) ; se sont entre-égorgées pendant plus de deux siècles.

    Oui, c'est vrai, on ne peut pas nier lorsque XXXX (un intervenant) égrène les chiffres de religieux ou simples croyants tués par les révolutionnaires en France dans les années 1790, en Espagne dans les années 1930, en URSS et dans les autres pays socialiste... 

    C'est juste que ce serait un poil plus honnête si il nous rappelait aussi les quantités de révolutionnaires assassinés par des réactionnaires bénis par les autorités des dites religions, que ce soit sous le Parti de l'Ordre en France après 1815, 1848 ou 1871, en Russie avec les armées blanches, en Espagne avec Primo de Rivera et Franco ; tous les miliciens inspirés par une profonde foi chrétienne et qui par anticommunisme sont allés se faire les séides du paganisme barbare nazi pendant la Seconde Guerre mondiale ; les nationalistes croates de Pavelic ou slovaques de Tiso et j'en passe ; les massacres en Chine sous Tchang Kaï-chek ou en Indonésie en 1965-66, les dictatures anticommunistes en Amérique latine etc. etc. etc.

    2/ Le moment est venu, tel est le fond de ma pensée, que les uns et les autres COMPRENNENT DÉSORMAIS QU'ILS ONT LE MÊME ENNEMI en réalité, et unissent leurs forces...

    À présent que cet ennemi ; j'ai nommé bien sûr le capitalisme impérialiste, le règne de la Finance, le "culte de Mammon", "néolibéral" au sens de retour assumé à son essence profonde qu'il avait un peu cherché à dissimuler tant aux uns qu'aux autres ; règne depuis 30 ans d'un bout à l'autre de la planète sans partage, sans plus rien qui le retienne ; et montre bien à chacun qu'il n'est ni son allié même le plus tactique qui soit, ni à l'opposé un quelconque fantasme d'"allié de l'autre en réalité" ("jumeaux libéralisme et marxisme" pour les religieux, mais on combat bien sûr ce dernier avant tout hein, "religions réactionnaires opium au service du Capital" pour les marxistes) ; mais bien l'ennemi de tous, car l'ennemi de l'humanité toute entière et, en réalité, de tout ce qui fait humain l'être humain.

    Si cette oligarchie capitaliste impérialiste, cette aristocratie financière, est toujours là et bien là au pouvoir ; 200 ans après qu'ait été proclamé le mot d'ordre de "liberté, égalité, fraternité" (dont le marxisme n'est que la compréhension scientifique des moyens de la réalisation) pour le genre humain ; c'est bel et bien parce que le genre humain en question est resté tout au long de ces deux siècles DIVISÉ entre exaltés par ce que "le monde change de base", et attachés farouches à ces traditions, héritages du passé, fondements de l'identité culturelle des peuples vers lesquels Pasolini disait que regarder et même vouloir revenir est aussi humain et nécessaire que ce qui nous pousse à aller de l’avant.

    Il nous faut donc mettre fin à cette division qui n'est qu'un sinistre game perdant-perdant.
    Trouver les voies de travailler ensemble contre ce féroce, exterministe ennemi commun, pour le moins ; si tant est que "fusionner" les conceptions du monde (l'une idéaliste, transcendante, l'autre expliquant toute pensée comme reflet d'une réalité matérielle concrète) n'est guère envisageable à court ou moyen terme (laissons donc le temps long nous "éclairer/apporter les réponses sur ce en quoi nous divergions", comme dit en substance la sourate 5 du Coran).

    Il nous faudra sans doute, d'un côté, nous purger de quelques fumisteries gauchistes (moi, en ce qui me concerne, plus le temps passe moins il me semble devoir m'en coûter, tant cette infâme gauchisterie prétentieuse, encore plus maintenant avec le pass sanitaire et l'obligation vaccinale, me donne envie de vomir) ; et de l'autre, de quelques conceptions outrancièrement réactionnaires, archaïques, bigotes...

    Mais voilà : telle est ma conception, si j'ai, comme je l'espère, réussi cette fois à l'exposer vraiment clairement.

    Personne ici n'étant, encore une fois, obligé d'être d'accord avec moi là-dessus. Mais j'essaierai pour ma part, chaque fois que ce sera possible, d'agit-proper dans le sens de cette perspective.

    Qui tout de même, il faut le dire, me semble de plus en plus largement partagée par les derniers héritiers directs des grandes révolutions marxistes du siècle dernier (direction cubaine et, avant sa mort, Fidel Castro depuis au moins les années 80 ; direction biélorusse ou transnistrienne ; Parti communiste de la Fédération de Russie - mais de manière certes contestée par d'autres forces communistes se voulant plus fidèles à l'héritage léniniste - etc. etc.).



    [Petites réflexions théologiques miennes, pour celles et ceux que ça peut intéresser]

    Nul ne SAIT ce qu'est Dieu : les gens CROIENT, et non savent.

    Dans les articles même de la foi, le jour où croire deviendra SAVOIR est le Jour Dernier.

    C'est bien cela d'ailleurs que, dans la monothéisme abrahamique, il n'a pas de nom (on lui donne comme nom propre, unique, ce qui est le nom commun pour dire "divinité" dans la langue de chaque peuple), et n'est pas représenté (sauf un peu dans le catholicisme à partir de la fin du Moyen Âge, comme un vieux roi barbu, mais c'est une hérésie absolue en principe).

    La VISION DE DIEU qu'ont les êtres humains est donc quelque chose qui change, évolue à travers le temps.
    Celle de Jésus, ou du Prophète Mohammed n'était déjà pas exactement celle des premiers hébreux d'Abraham ou de Moïse - empreinte de beaucoup plus de crainte par exemple, Dieu terrible, qui fait trembler comme le tonnerre ; au 1er ou au 7e siècle de notre ère, on est déjà beaucoup plus sur une vision de Dieu "ami", car la condition humaine et l'être-au-monde ont changé, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

    Bref : tout cela pour dire que ce n'est pas parce que la vision de Dieu de Rousseau ou Robespierre n'est pas celle du Nouveau Testament, qu'elle n'est pas légitime.

    Elle est celle d'hommes vivant 1700 ans plus tard. L'être humain a alors considérablement progressé dans la maîtrise de sa condition et de son destin ; dût-il alors apprendre à renouer avec l'humilité (le même problème se posait déjà après les avancées grecques et romaines dans la compréhension et la maîtrise du monde, à l'époque du Christ et du Prophète).

    Il n'en reste pas moins que des constantes demeurent : il y a le Bien ; ce que le cerveau humain est normalement programmé pour ressentir comme agréable dans son existence et, s'il est capable (ce qui est encore mieux) d'empathie, celle des autres ; et les moyens de faire "régner" au maximum ce Bien dans la société humaine dans laquelle on vit, oeuvrer à cela étant la garantie d'un bien-être encore plus total dans l'au-delà (en tout cas, telle est la récompense sur laquelle cette quête éternelle s'est fondée durant des millénaires).

    Teilhard de Chardin, pourtant prêtre catholique jésuite, a encore au 20e siècle proposé une vision du divin encore plus éloignée des canons néotestamentaires chrétiens que ne l'était le déisme de Rousseau ; déclarée de prime abord anathème par l'Église avant que celle-ci n'accepte tout doucement de bien vouloir y réfléchir.

    Quoi qu'il en soit, il n'est pas vrai de dire que les authentiques et sincères révolutionnaires comme Rousseau ou Robespierre, et tous ceux s'inspirant d'eux ensuite dans les révolutions démocratiques, et d'autres encore aussi nombreux se réclamant du marxisme, n'ont pas été des serviteurs de Dieu (du Bien) sous prétexte qu'ils n'avaient pas la vision de Dieu fixée par le dogme catholique, ou protestant ou orthodoxe, ou musulman ou juif talmudique.

    Être serviteur de Dieu c'est œuvrer pour le Bien sur la terre, point (toujours bien sûr avec prudence et humilité - c'est surtout ça la question centrale -, car l'Enfer est aussi pavé de bonnes intentions... mais sans non plus tirer de cette célèbre maxime un prétexte à la passivité face au Mal, à la résignation, à "on ne peut rien y faire" parce que toute bonne intention transformatrice du monde qui nous entoure ne serait bonne qu'à paver l'Enfer).

    En face de cela, 1°/ le "corps" collectif de l'Anti-Christ (ennemi du Christ et de Dieu) ce sont ceux qui n'admettent aucune notion de Bien et de Mal (ou, pour les marxistes, de Sens de l'Histoire et de ce qui va dans ce sens ou alors à l'encontre) ; uniquement ce qui est agréable à leur petite personne, avec pour seule légitimité ("justifiant" qu'ils l'aient "mérité") leur capacité à l'obtenir par quelque moyen que ce soit (par la force, la ruse ou l'argent) : les voltairiens, sadiens, nietzschéens...

    2°/ Il y a bien sûr également ceux qui, donc, "pavent l'Enfer de bonnes intentions", qui font le Mal en voulant éperdument faire le Bien. Bon, cela dépend de multiples facteurs, du degré de "errare humanum" ou au contraire de "perseverare diabolicum", du niveau de manque d'humilité (vertu cardinale et essentielle) dans la prétention, qui ne va forcément pas arranger les choses (Macron lui-même ne serait-il pas auto-persuadé, dans son "christianisme social" ricoeurien, d'oeuvrer au bien-être futur de la population ? mais tellement imbu de lui-même, persuadé d'être un véritable Envoyé divin, qu'il fait tout le contraire et rien ne le conduit à se remettre en question) ; pour pouvoir déterminer à quel point la chose est "coupable".

    3°/ Il y a ceux aussi, on l'a dit, qui n'acceptent qu'une seule façon historique de voir "Dieu" = le Bien et que ce dogmatisme conduit à la passivité et à la résignation, dans le "meilleur" des cas ; et dans le pire à servir le Mal, l'oppression, à se faire Caïphe envoyant le Christ "blasphémateur" sur la croix.

    Mais les pires restent quand même les 1°/.


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