• Hommage à Georges Guingouin

    "Lo Grand" (le grand, prononcer "lou", en langue d'òc) ; ou encore le "Tito du Limousin", région libérée par ses propres forces partisanes au prix de terribles massacres (Oradour, pendaisons de Tulle).
    Avec, comme malheureusement souvent, l'oubli de cette autre citation fameuse du personnage : "Que les Limousins, les Occitans, refusant le miroir déformant qu'on leur offre, retrouvent leur patrimoine historique !" - discours au Vigen (Haute-Vienne, Limousin), 1982
    Comme une réponse, en paroles 40 ans plus tard, mais déjà EN ACTES à l'époque, à ces mots du pétainiste Céline : "Zone Sud (Midi d'òc), peuplée de bâtards méditerranéens, de narbonoïdes dégénérés, nervis, félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié".
    Vive le Limousin, vive les Terres d'Òc libres et socialistes, dans une grande République socialiste fédérative d'Hexagone !!
     
    "Il y a 80 ans, jour pour jour le 26 juillet 1940 : le légendaire Georges Guingouin, premier maquisard de France, publie son premier tract appelant à la résistance armée face aux Allemands 
    Fils d’un militaire tué en 1914 et d’une mère directrice d’école primaire Georges Guingoin est instituteur et secrétaire de mairie dans le petit village de Saint-Gilles-les-Forêts aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze. Depuis 1935 il est militant communiste, admire l’Union Soviétique et Victor Hugo et s’intéresse particulièrement aux thèses du communisme rural.
    Mobilisé en 1939, blessé le 17 juin 1940, hospitalisé, il quitte volontairement les lieux pour éviter d'être capturé et rentre à Saint-Gilles-les-Forêts par ses propres moyens. Guingouin avait pris soin de préparer les conditions d’une reprise de son action politique en cachant dans la grange d’un ami une machine à écrire, la ronéo du Parti, de l'encre et duSon appel à la résistance désobéit aux consignes d’attentisme du Parti Communiste lié par le Pacte Germano-Soviétique, Evoquant "la dictature fasciste" du régime de Pétain à Vichy il décrit "des misérables qui, non contents d'avoir couvert leurs mains du sang de nos soldats … pourront sans crainte, tout à leur aise, détruire les dernières libertés du peuple de France, établir le régime de l'obscurantisme et du mensonge." (...) Derrière Pétain, vieillard revenu en enfance, incapable de présider l’Assemblée Nationale, incapable de lire son discours au micro annonçant qu'il est le chef de l'Etat. C'est le sinistre aventurier Laval. C'est la clique des assassins fascistes s'apprêtant avec l'aide de Hitler à exploiter honteusement le peuple de France »
    il faut préciser que le village de Guingouin se situe en Zone libre et qu’il aurait pu faire alors comme tout le monde : attendre que ça passe
    Mieux, il décide de ne pas diffuser le bulletin "La Vie du Parti" de septembre 1940 qui déclare : "Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands. Nous sommes contre de Gaulle et le clan capitaliste dont les intérêts sont liés à Vichy".
    En janvier 1941 il publie le premier numéro du journal clandestin "Le Travailleur limousin". S’abstenant volontairement de toute attaque contre de Gaulle et le Royaume-Uni, s'écartant ainsi un peu plus de la ligne officielle du Parti communiste. Un mois plus tard, il prend le maquis en Corrèze : C’est le tout premier maquisard.
    A la tête d'un premier groupe de résistants, Georges Guingouin organise une "récupération" à main armée de cartes d'alimentation en cambriolant la mairie de Saint-Gilles-les-Forêts. Cela lui vaudra d'être condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité et d’être pourchassé par la police de Vichy. Il baptise ses premiers groupes armés de "Francs-Tireurs et Partisans" (FTP) et crée "la Brigade de marche limousine". Il va alors multiplier les actions de sabotage.
    Le Parti Communiste lui reproche de s’entêter à développer une résistance armée dans les campagnes plutôt que dans les villes et vont envoyé un tueur infiltré dans le Maquis pour le liquider, en vain. Son engagement précoce embarrassait fortement le Parti...
    Surnommé le "Préfet du Maquis" par les Limousins, Guingouin tient les campagnes et harcèle les soldats Allemands après l’invasion de la Zone libre, au point qu’ils surnommeront la région de "petite Russie".
      En juillet 1944, après le Débarquement allié en Normandie, Guingouin mène pendant plusieurs jours l’une des très rares batailles conventionnelles victorieuses de la Résistance face à l’armée Allemande autour du Mont Gargan en Haute-Vienne. Ses troupes affrontent les Allemands en batailles rangées et...gagnent !
     Le 3 aout 1944, à la tête de 8 000 hommes, il encercle Limoges et libère la ville sans violence, en obtenant la reddition de l’officier allemand commandant la place. Au début du mois de juin, pour éviter une effusion de sang, il avait refusé une nouvelle fois les ordres du Parti Communiste lui intimant de prendre Limoges par la force. Quelque jours plus tôt, la Ville de Tulle vit ses libérateurs éphémères aux ordre du PCF pendus aux réverbères.
     Mais trop populaire, le libérateur de Limoges devient gênant. En mai 1945 Guingouin est élu maire de Limoges. Jusqu’en 1947 et sa défaite face à l'ancien maire socialiste Léon Betoulle il mène une politique sociale très volontariste dans les conditions difficiles de l’immédiat après-guerre et de la reconstruction. En 1949, il rédige un rapport critique contre l’attitude du Parti Communiste pendant le Guerre. Désavoué, il est exclu du Parti en novembre 1952.
     En 1953 il est la cible d’une cabale politico-judiciaire fomentée par des socialistes et d’anciens collaborateurs d’extrême droite. Il est incarcéré et battu quasiment à mort dans sa cellule.
     Il sera totalement blanchi par la justice en 1959 et l’arrivée de De Gaulle au pouvoir ulcèré de savoir ce héros patriote emprisonné. le Procureur déclarant même "ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait engagé des poursuites contre lui".
    « Réhabilité » par le PCF en 1998, il répondra sobrement que le communisme n’est pas un parti et qu’il ne voulait plus jamais être associé au Parti communiste.
     Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d’Honneur, médaillé de la Résistance, King's Medal for Courage en Grande-Bretagne, Georges Guingouin se vit attribuer par le Général de Gaulle le titre de "premier Maquisard de France".
    Il repose enfin en paix dans le petit cimetière de Saint-Gilles-les-Forêt depuis 2005"

     
    "Le maquis mis en place par Georges Guingouin présente deux caractères originaux. Le premier est son enracinement dans le milieu rural. Dans une campagne qu’il connaît particulièrement bien, il bénéficie de protections et d’un soutien logistique permanent.
    En retour, son action est animée d’un souci constant de protéger les populations civiles et de défendre leurs intérêts. Le sabotage en décembre 1942 des botteleuses destinées au conditionnement du fourrage réquisitionné par l’occupant, la destruction l’année suivante des batteuses mobilisées par le gouvernement de Vichy pour les réquisitions de grains lui valent la reconnaissance et le soutien des agriculteurs de la région.
    C’est parmi eux qu’il recrute le gros de ses troupes, notamment ces « légaux » qui, tout en menant dans leur ferme ou leur village une vie « normale », lui fournissent une aide primordiale : renseignements, ravitaillement, matériel, parfois une participation ponctuelle à des opérations sur le terrain.
    L’autre originalité de ce maquis est son implication dans la vie économique et sociale de la région. Par des arrêtés placardés dans les villages et signés du « Préfet du maquis », il condamne le rationnement et les réquisitions, menace les spéculateurs, réprime le marché noir, mais aussi réglemente les barèmes agricoles, fixe les prix du blé, du fourrage, de la viande de porc…
    Le caractère politique de ces interventions est clairement affiché : à travers la défense des plus pauvres, la répression des abus, la référence constante à la justice sociale et à l’égalité des droits, la moralisation et le strict encadrement de l’économie, Georges Guingouin prépare l’après-guerre et jette les bases d’un « communisme rural » dont l’impact persistera dans le Limousin longtemps après la guerre."
     
      
    Sur la question de l'"infiltré" que le Parti aurait chargé de l'éliminer :
    "En septembre 1943, Georges Guingouin assure avoir démasqué un militant du PCF infiltré dans une de ses unités avec l’intention de l’assassiner. L’existence de ce personnage, un certain Pierre Lerouge, ancien des Brigades internationales, est clairement attestée par de nombreux témoignages, notamment des proches de Guingouin, mais le sens de sa mission n’est pas clairement établi. Michel Taubmann, auteur d’une enquête détaillée sur « l’affaire Guingouin » (21), adhère sans hésiter à la thèse de la tentative d’assassinat. Fabrice Grenard, plus réservé, croit davantage à une simple tentative de déstabilisation. Il doit cependant reconnaître que la question de son élimination physique a clairement été posée dans des réunions de la direction régionale du PCF, comme l’indiquent de nombreux témoignages de résistants et de responsables du Parti (22). Toutefois, il ne met en cause ni les responsabilités personnelles de Léon Mauvais et de Jacques Duclos, comme le fait Michel Taubmann (23), ni même globalement celle de la direction nationale du Parti, comme le fait Georges Guingouin lui-même (24)."
    [21 Michel Taubmann, op. cit., p. 91-95. Cet auteur met en cause également la direction du PCF dans un attentat commis contre Georges Guingouin le 20 novembre 1944, un grave accident dont il est victime suite au sabotage de sa voiture (Idem, p. 142-146).
    22 Fabrice Grenard, op. cit., p. 164-166.
    23 Michel Taubmann, op. cit., p. 92-95.
    24 Interview au journal L’Unité, n° 579, 16 novembre 1984.]
     
    "Des générations militantes postérieures l’ont érigé en modèle. Dans les décennies 1970-1980, le “Tito“ limousin séduit les partisans de l’autogestion, rallie les opposants aux appareils politiques stérilisants. Selon ses admirateurs, son action incorpore, sur fond d’éveil des consciences occitanes (l’Occitanie est un Tiers-monde, une colonie de l’intérieur) et de dépassement du communisme stalinien, le concept de “Guerre populaire“ maoïste (la conquête du pouvoir s’opérera au moyen de l’encerclement des villes par les campagnes) voire préfigurerait, par certains aspects, le “foquisme“ théorisé à partir de l’exemple cubain (les masses paysannes sont associées au soulèvement et c’est même parmi elles que naît le foyer, foco, révolutionnaire ; leurs dirigeants sont hostiles aux partis communistes bureaucratiques…)."

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