• Si on lit par exemple ce document ; il apparaît nettement que c'est décembre 1793 (frimaire an II) qui marque un point de rupture fondamental : l'écrasement (pas d'autre mot) de la "révolution provinciale", auquel ne manquera plus alors que celui de la révolution parisienne, consommé avec Thermidor...
    Les procureurs syndics départementaux, magistrats élus chargés de veiller à l'exécution des lois (sortes d'équivalents des sheriffs nord-américains), deviennent des fonctionnaires nommés ; les conseils généraux sont supprimés et les directoires (exécutifs des départements) voient leurs compétences sévèrement amputées ; etc. etc.
    La France républicaine abandonne alors définitivement la voie de devenir une "grande Suisse" démocratique et décentralisée, d'exercice local permanent de la souveraineté populaire...
     
    https://www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1986_num_101_1_3117
     
    [EN RÉALITÉ, et en synthèse de tout cela : Rousseau n'était pas suisse par hasard ; et cette démocratie radicale théorisée par lui, et appelée de leurs vœux par Robespierre et consorts (pour ceux qui étaient en cela sincères !), non seulement était très difficile à mettre en œuvre dans une économie capitaliste fondée sur l'exploitation du travail d'autrui, mais n'était tout simplement PAS POSSIBLE en prenant tel quel l'État EMPIRE PARISIEN légué par l'Ancien Régime et en le rendant "démocratique" par la magie du suffrage universel, ce qui suffirait supposément à "régler" tous les problèmes. Les deux choses étaient incompatibles, et cette idée vouée d'avance à conduire à Thermidor puis à Napoléon Bonaparte.
    Seule une refonte totale de cet ensemble territorial héritage monarchique, vers une fédération de démocraties locales vivantes et fortes ne laissant aux mains du pouvoir "national" que ce qu'elles ne pouvaient assumer seules, pouvait dans une certaine mesure permettre cette démocratie "idéale" rousseauiste.
    C'est ce qui pouvait exister en pratique dans la France des bataillons fédérés abolissant la monarchie en août-septembre 1792, comme le rappellera très justement Engels presque un siècle plus tard ; on peut en retrouver l'idée dans certains passages de la jamais appliquée Constitution de 1793 ; mais tout ceci sera dès l'été de cette même année progressivement "repris en main", aidé en cela par le fait que beaucoup de ceux qui le prônaient (les fameux "fédéralistes" ou "Girondins") étaient nettement plus "à droite" sur la question de l'égalité sociale, rêvant parfois (au fond d'eux-mêmes) de restreindre le suffrage universel vers un système plus censitaire et oligarchique, ainsi qu'hésitants et incapables de mener correctement une guerre aux tyrans d'Europe qu'ils avaient pourtant voulue à outrance...
    Tout ceci permettra finalement, au premier semestre 1794, le triomphe d'un mélange de vision sociale "avancée" et de centralisme parisien "un et indivisible" non-viable sous la forme démocratique et égalitaire prônée ; formule politique presque immédiatement renversée par le coup d'État thermidorien de la nouvelle "aristocratie d'argent" qui règne encore à ce jour.
    La Suisse, de son côté, a évidemment elle aussi dégénéré dans la pourriture réactionnaire de par son économie qui n'a jamais cessé d'être capitaliste ; particulièrement financiarisée, en outre, depuis qu'elle s'est installée et "protégée" dans le rôle de "coffre-fort de la planète". Néanmoins elle était encore, au début du 20e siècle, vue par Lénine (qui y a longuement vécu comme réfugié politique) ou Staline comme un modèle de démocratie relativement "indépassable" en régime capitaliste (ainsi, dans la Question Nationale de Staline : "la Suisse, pays dont le haut démocratisme, bien que bourgeois, permet aux nationalités de vivre librement, qu’elles représentent la minorité ou la majorité, peu importe"...).
    Ne devrions-nous pas, dès lors, nous battre pour un Hexagone (et pourquoi pas une Europe, et de même sur tous les continents) qui serait une grande Suisse rouge ?]
     
    http://servirlepeupleservirlepeuple.eklablog.com/annexe-a-l-etude-en-finir-avec-la-france-quelques-verites-sur-la-grand-a148889474
     

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